Une chose est sûre lorsqu’on entame pour la première fois l’écoute de "Regarde le Ciel", voilà un disque que l’on va adorer pouvoir aimer et que les autres vont se faire un plaisir de détester.
Une chose est sûre lorsqu’on entame pour la première fois l’écoute de « Regarde le Ciel », voilà un disque que l’on va adorer pouvoir aimer et que les autres vont se faire un plaisir de détester. Fort heureusement pour nos ex-Young Michelin relégués à un trop fort anonymat à force de chercher la bonne recette pendant des années, ce sont justement bien souvent ces albums polémiques qui font le plus parler d’eux. Voilà qui devrait permettre à Aline (leur nouvelle appellation) de profiter un peu de la lumière offerte par quelques projecteurs pour diffuser à plus large échelle sa pop rayonnante aux forts accents 80’s . Car ce premier album, qui n’en est donc pas vraiment un, possède le défaut évident de ses qualités, celui de plonger tête la première dans un répertoire de prestige pour les uns, qui aura inévitablement un goût de déjà vu pour les autres.
Mais qu’importe, car qui d’autre qu’Aline pour nous faire apprécier au mieux les bienfaits d’une musique qui tire profit de ses nombreux contrastes, d’une pop qui chante son désespoir comme elle célèbrerait une victoire et qui enterre ses échecs pour mieux en rire entre amis ? La musique comme exutoire, comme un pied-de-nez adressé à une vie remplie de frustrations et qu’on envoie valser à coup de guitares survoltées. Cette même musique capable de nous faire danser des claquettes tout en faisant rimer les mots « pleurs » et « malheurs » le sourire aux lèvres et les yeux humides. Celle qui va obligatoirement leur valoir des rapprochements un peu trop faciles aux sempiternels Indochine et Etienne Daho, alors qu’on préférerait probablement parler de l’héritage de groupes comme The Cure et The Smiths ou d’une nouvelle scène de qualité dont Lescop est probablement le meilleur représentant à l’heure actuelle.
Evitons toutefois trop de catalogage, car Aline c’est aussi une identité propre, un quatuor de garçons qui font sonner leurs instruments avec une empreinte rapidement reconnaissable au fil des morceaux et arpentent des thèmes qui lient le tout et apposent une signature bien à eux sur un album qui gagne alors en cohérence. On y trouve une longue introduction instrumentale (Les Copains), servant de générique et présentant dans un petit feu de joie, et à tour de rôle, les guitares et synthés qui serviront de détonateurs à chacune des chansons suivantes. Parmi celles-ci, la désormais célèbre Je bois et puis je danse, mettant en scène une situation que l’on a tous connu sur des sonorités aux airs délicieux de The Radio Dept., et servant de tremplin depuis des semaines à un album dès lors très attendu par toute une communauté. Avec une certaine constance dans l’efficacité mélodique, Aline enquille les tubes, dont l’irrésistible Elle m’oubliera, et confirme écoute après écoute leur nouveau statut de révélation du moment.
Touchante, dansante et nerveuse à la fois, la pop sous son visage le plus naturel, sans artifice ni maquillage superflu, sans faux airs trop intellectuels ou superficiels, s’offre avec « Regarde le ciel » un retour aux sources vivifiant. Peut-être le début de la gloire pour Aline, mais assurément le prolongement d’une belle tradition et le plein de sentiments effectué pour de nombreux nostalgiques.
Aline sur la route
Tracklist
- Les copains
- Je bois et puis je danse
- Maudit garçon
- Teen Whistle
- Deux hirondelles
- Il faut partir
- Elle et moi
- Elle m'oubliera
- Voleur !
- Obscène
- Regarde le ciel
- Les copains (d'Anne Laplantine)