Apparu il y a dix ans sur la scène electro, Amon Tobin s’est rapidement imposé comme une figure majeure de ce style grâce à une capacité à imposer un son aux textures extrêmement riches et puissantes, à partir de rythmes propres à la jungle et de samples évoquant rock ou jazz. Mais là où nombre de ses […]
Apparu il y a dix ans sur la scène electro, Amon Tobin s’est rapidement imposé comme une figure majeure de ce style grâce à une capacité à imposer un son aux textures extrêmement riches et puissantes, à partir de rythmes propres à la jungle et de samples évoquant rock ou jazz. Mais là où nombre de ses contemporains ont évolué vers un format souvent plus direct et "pop", Amon Tobin a au contraire évolué vers un style plus sombre, dépouillé et expérimental. Cette démarche a culminé il y a trois ans avec sa bande son pour le jeu vidéo "Splinter Cell", impressionnant exercice d’habillage sonore précis et haletant qui a incontestablement ouvert une voie nouvelle.
A l’écoute de Foley room, il apparaît qu’Amon Tobin lui-même reste très marqué par cette expérience. L’ensemble est imprégné par une volonté de créer un climat sur lequel l’auditeur peut projeter des images mentales, sombres et oppressantes. Le début de l’album sonne ainsi comme un manifeste néo-gothique postmoderne, où l’on a l’impression d’entendre les violons du Velvet Underground mariés aux expérimentations sonores d’Einsturzende Neubauten sur Bloodstone, un piano solitaire et malade se noyer sur Esther’s. Puis le propos se durcit sur The Killer’s Vanilla ou Horsefish, un sentiment de colère sourd derrière les bpms et les samples d’orgue. A ce stade, certains auront peut-être du mal à résister au sentiment de poids sur la poitrine et de manque d’air que provoquent ces morceaux, mais on restera toutefois très impressionnnés par la capacité d’Amon Tobin à donner un corps aussi dense à sa musique.
Sur la seconde moitié du disque, certainement conscient d’avoir fait subir un traitement plus qu’exigeant à ses auditeurs, Amon Tobin soulève un peu la chape et autorise une respiration sur Ever Falling ou Always, en laissant entrer une voix, qui amène un soupçon d’humanité dans un univers confiné. Cette parenthèse se referme sur Straight Psyche et le bien nommé At The End Of The Day, net et intransigeant. Un album qui, on l’aura compris, laissera du monde en route, qui ne se prête pas à l’écoute intensive, mais auquel on reviendra durablement et qui place définitivement Amon Tobin parmi les têtes chercheuses de notre époque, au-delà des genres.
- Publication 443 vues24 mars 2007
- Tags Amon TobinNinja Tune
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Tracklist
- Bloodstone
- Esther's
- Keep Your Distance
- The Killer’s Vanilla
- Kitchen Sink
- Horsefish
- Foley Room
- Big Furry Head
- Ever Falling
- Always
- Straight Psych
- At The End Of The Day