"> Art Brut - Brilliant! Tragic! - Indiepoprock

Brilliant! Tragic!


Un album de sorti en chez .

Ne serait-ce que par son patronyme, Art Brut a toujours plus insisté sur le concept que sur la forme, chose qui ne s’est jamais démentie sur les trois premiers albums du groupe. "Brillan ! Tragic !", à nouveau, va insister sur certaines idées fortes nourries par la production de Black Francis qui signe ici sa […]

Ne serait-ce que par son patronyme, Art Brut a toujours plus insisté sur le concept que sur la forme, chose qui ne s’est jamais démentie sur les trois premiers albums du groupe. "Brillan ! Tragic !", à nouveau, va insister sur certaines idées fortes nourries par la production de Black Francis qui signe ici sa deuxième collaboration avec le combo mené par Eddie Argos.

Nul besoin d’entrer dans les thèmes abordés – la frustration de ne pas être ce qu’on souhaiterait sur I Am The Psychic ou ce sens du l’inadéquation qui revient de manière récurrente et voit Argos chanter son besoin d’être compris – pour se pencher sur la musique. Celle-ci se met au service du message et il n’est alors guère étonnant de voir le vocaliste psalmodier des textes que l’arrangement musical va se borner à mettre en valeur. Même quand des guitares saturées à la Pixies se feront entendre (Clever Clever Jazz, Lost Weekend) ce qui semble importer est un métissage entre considérations personnelles (Sexy Sometimes, Is Dog Eared) ou artistiques (Bad Comedian, Axl Rose, Martin Kemp Welch Five A-Side Football Rules!) axées sur un phrasé déclamatoire souvent mis en exergue par des rythmiques chaloupées empruntant à Ian Dury (un Clever Clever Jazz n’est pas sans évoquer Clever Trevor phonétiquemen), et à Alex Harvey. Du premier on retrouve en effet ce côté populaire et presque cockney dans son accentuation. Du second, ce pernicieux mélange entre emphase alimentée par une guitare scratchée et sarcasme véhiculé par le phrasé vocal du chanteur (Ice Hockey).

Art Brut oscille entre cette revendication basique propre à qui se réclame de Dubuffet ou Duchamp entérinant ce que sa musique peut avoir de primitive, et l’élan subversif et situationniste qu’il souhaite y imprimer. Argos manie ainsi le double entendre (cette phrase sur Axl Rose : « J’aimerais faire un doigt d’honneur à tout monde sauf à mon chanteur préféré » à prendre au pied de la lettre ou comme détournement subversif d’une certaine mythologie rock) et à ce titre n’est pas éloigné de la satire sociale. Reste que l’exercice est trop systématique pour s’avérer convaincant. N’est pas Ray Davies qui veut, pour cela il eut fallu compositions moins monolithiques et des approches plus nuancées quand il s’agit de prononcer une harangue.

Chroniqueur