Bambara

Un nouvel EP pour Bambara, pour enfin asseoir une notoriété méritée.

Si la crise du covid a bien sûr touché tout le monde, dans l’univers de la musique comme ailleurs, on identifie tout de même quelques artistes pour lesquels la pandémie a vraiment frappé au pire des moments. Parmi ceux-là, on placera sans hésiter Bambara. Le combo new-yorkais a en effet édité son quatrième album « Stray », en février 2020, et a tout juste eu le temps de récolter quelques lauriers que leurs précédents oups ne leur avaient pas valu. Car avec ce superbe album de blues-post-punk, Reid Blateh et ses acolytes prenaient une nouvelle dimension et la tournée qui devait suivre la parution de l’album aurait certainement enfoncé le clou. On connaît la suite, la tournée, à force de reports successifs, n’a jamais eu lieu.

Plus précisément, il a fallu attendre deux ans de plus pour qu’enfin Bambara vienne se produire sur les scènes de l’hexagone et distiller sa bonne parole. « Love On My Mind », nouvel EP qui nous occupe aujourd’hui, a donc été publié au moment où le groupe partait en tournée et évite au groupe de « défendre » sur scène un album qui a déjà deux ans. C’est ainsi qu’il faut prendre « Love On My Mind », qui est aussi une potentielle petite session de rattrapage pour ceux qui auraient raté « Stray ». Cet EP est, sans surprise, dans la parfaite continuité de l’album, s’appuie sur les mêmes ingrédients, sans pour autant que la formule paraisse émoussée. Tout juste trouvera-t-on qu’il manque peut-être un titre un peu plus sauvage et débridé, comme on peut en trouver sur « Stray ». Pour le reste, l’ambiance nocturne fait merveille sur Birds, le chant de Reid Blateh est fiévreux et langoureux à souhait sur les six titres, les guitares ont ce petit côté western qui fait intégralement partie de l’identité du groupe, les voix féminines en contrepoint sur Mythic Love et Little Wars interviennent toujours à bon escient.

Bien sûr, le parti-pris de « mettre en scène » un côté sombre et poisseux peut agacer ou sembler forcé mais c’est parfaitement assumé et Bambara maîtrise trop bien son art pour qu’on s’arrête à de tels constats. A la fois sombre et flamboyant, radical et sophistiqué, ce groupe a une patte, du brio et un talent indéniable. Vous voulez quoi de plus ?