"> Bambara - Stray - Indiepoprock

Stray


Un album de sorti en chez .

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Un quatrième album en forme d'accomplissement pour un trio qui arrive à point nommé.

Il arrive parfois que, pour expliquer un phénomène, on invoque l’image de l’alignement des planètes. Pour Bambara, trio originaire d’Athens en Georgie et basé depuis de nombreuses années à New-York et qui, comme son nom ne l’indique pas forcément, délivre un post-punk gothique froid et tendu, il y a un peu de ça. Car pas grand monde n’a jusque-là entendu parler de ce groupe qui délivre avec « Stray » son quatrième album, mais il n’est pas certain que ça ne change pas très vite. Pour comprendre, précisons que Bambara, qui a d’abord commencé, sur ses deux premiers albums, par faire beaucoup de bruit (au sens propre), au détriment peut-être d’une véritable ambition musicale, a commencé sa mue sur « Shadow On Everything » en donnant davantage de place à la composition et en ciselant davantage ses ambiances. « Stray », qui paraît aujourd’hui, s’inscrit dans la continuité, va même un pas plus loin dans l’épure (ce qui ne signifie en rien édulcoration car le trio ne renonce pas à sa radicalité) et s’affiche d’emblée comme une sacrée claque. Parallèlement, le rock radical a retrouvé depuis deux ans un nouveau souffle, à travers des formations comme The Murder Capital ou Idles (pour qui Bambara a d’ailleurs assuré la première partie de concerts en 2018) et ce nouvel album tombe à point nommé pour devenir la réponse américaine à la nouvelle furie déclenchée dans les îles britanniques.

A la tête de Bambara, il y a Reid Blateh, secondé de son frère jumeau Blaze et de leur copain d’enfance William Brookshire. En plus de signer la majorité des morceaux, Reid Blateh retient immédiatement l’attention grâce à sa voix caverneuse, pas très éloignée de celle de Nick Cave, et le chant magistral qu’il délivre tout au long de « Stray ». Aussi à l’aise dans un registre retenu et grave sur Sing Me To The Street ou Stay Cruel que dans celui du chef de meute quand le rythme s’accélère et que sa voix enfle comme le rugissement d’un grand fauve (Heat Lightning, Serafine, Machete), il nous tient en haleine du début à la fin et ne nous lâche pas. Derrière lui, ses comparses ne sont pas en reste. Sur les morceaux les plus furieux, Heat Lightning, Serafina, Sweat, les guitares sont acérées, coupantes comme une lame de rasoir et sans la moindre once de gras, la batterie d’une précision diabolique, l’intensité est à son maximum. L’album oscille entre ces fulgurances et des moments où le climat se fait plus trouble et où le groupe se rappelle ses origines sudistes. Les guitares prennent alors des tonalités bluesy et, autre coup de génie, des voix féminines viennent par instants dédoubler celle de Reid Blateh (Sing Me To The Street, Stay Cruel, Made For Me), ce qui apporte à la fois un contrepoint plus doux tout en contribuant à un sentiment d’étrangeté fascinant. Côté textes, ça ne rigole pas, Reid Blateh, avoue d’ailleurs avoir écrit cet album quasiment en continu en sortant très peu de chez lui et le décrit comme obsédé par la mort, mais, quand la musique devient avec une telle intensité l’ultime moyen de la défier, on se sent plus que jamais vivant. A cet égard, « Stray » est LE tour de force magistral de ce début d’année.

Rédacteur en chef
  • Publication 2 361 vues28 février 2020
  • Tags BambaraWharf Cat
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La disco de Bambara

Love On My Mind8
80%
Stray10
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