On appelle ça la classe. On l’a ou on ne l’a pas. Et cela ne s’explique pas. Nous aurions pu terminer ainsi cette chronique en trois phrases, et nous épargner ainsi la difficulté de décrire ce qui, par définition, échappe aux qualificatifs (la classe, disions-nous). Comment retranscrire ce qui fait tout le charme de cet […]
On appelle ça la classe. On l’a ou on ne l’a pas. Et cela ne s’explique pas. Nous aurions pu terminer ainsi cette chronique en trois phrases, et nous épargner ainsi la difficulté de décrire ce qui, par définition, échappe aux qualificatifs (la classe, disions-nous). Comment retranscrire ce qui fait tout le charme de cet album étrange et séduisant ? Est-ce la voix, une voix floue, fluctuant par nuances au gré des morceaux, une voix grave et voilée, aux accents tantôt rauques tantôt veloutés ?
Est-ce la musique, une musique floue elle aussi, oscillant entre pop aux contours incertains et rock vaporeux, s’insinuant dans le cerveau de l’auditeur aussi insidieusement que les volutes d’une fumée de cigarette ? Dans ce grand disque de gueule de bois, de lendemain hasardeux, on croira reconnaître la silhouette du Velvet de Waiting For The Man (Francesca’s Party), entendre les accents sophistiqués du Bowie des 70’s finissantes (Young Gods), on surprendra quelques lancinances de guitares évoquant les grandes heures de la noisy pop du début des années 90.
Est-ce l’attitude, ce dandysme bien britannique, cette apparente décontraction qui ne parvient heureusement pas à cacher la grande rigueur mélodique de la plupart des morceaux ? A la fois complètement hors sujet et totalement pertinent, Baxter Dury fait s’entrechoquer les références, et parvient malgré tout à trouver un ton, à donner une belle unité à son édifice d’apparence bringuebalante – mais de construction méticuleuse en vérité.
Ainsi, à l’heure où toutes les sensations rock s’évertuent à singer les tics des grands de la new wave (Cure et Smiths en tête), à l’heure où la mode est au rock crispé, tendu et, avouons-le, parfois aussi laxatif que constipé, on saura infiniment gré à Baxter Dury d’avoir choisi de nous offrir ce bel album de pop psychédélique, douce et tordue.
On soulignera pour terminer que le sublime Lisa Said, point culminant évident de cet album de haute tenue, figurera en bonne place parmi les candidats au titre de chanson de l’année dans notre palmarès personnel…
- Publication 926 vues4 octobre 2005
- Tags Baxter DuryRough Trade
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