"> Beach House - Once Twice Melody - Indiepoprock

Once Twice Melody


Un album de sorti en chez .

Le nouvel album du duo de Baltimore est double et doublement planant.

En ce début d’année, si vous voulez écouter de la musique, prenez vraiment le temps de le faire ! Ce pourrait être une injonction de rigueur puisque, après les 20 titres et 80 minutes de Big Thief, c’est aujourd’hui Beach House qui publie un double album, avec au programme 18 titres et là aussi 80 minutes. Ne nous plaignons pas de cette générosité et d’être incités à nous plonger dans des oeuvres à la fois foisonnantes et bienveillantes, on en a besoin. Pour revenir à « Once Twice Melody », on ne s’étonnera pas que le duo de Baltimore ait souhaité sortir une oeuvre touffue et ambitieuse car si, un temps, on a pu les croire du genre à avancer par petites touches et économes de leur art, ils ont su nous faire mentir. En 2015, après avoir édité « Depression Cherry » en milieu d’année, Beach House nous avaient ainsi pris par surprise en publiant « Thank Your Lucky Stars », un second album, lors de la même année, en prenant en outre le contre-pied du précédent en termes d’approche sonore. Et en parlant d’approche sonore, depuis ses débuts, le duo formé par Victoria Legrand et Alex Scally, sans jamais renier la dream pop qu’ils ont quasiment inventée, a su se renouveler subtilement, de la lo-fi de leurs débuts au raffinement progressif de leurs albums suivants, pour finalement aboutir à la beauté brumeuse de « 7 », leur précédent album paru en 2018.

Et on savait qu’une fois encore, avec « Once Twice Melody », ils n’allaient pas déroger à la règle sur ces deux aspects puisque le duo a fait le choix de dévoiler ce nouvel album par chapitres, parus à un mois d’intervalle depuis la mi-novembre, jusqu’au dernier, révélé en même temps que la parution formelle et physique de l’album. Un processus pas complètement surprenant puisque, notamment à l’époque de « 7 », le duo avait déjà dévoilé un nombre de titres important avant la sortie de l’album. Un processus qui toutefois met en exergue que découvrir un album par tranches et l’écouter en entier, ce sont deux expériences différentes et qui souligne aussi qu’entre la perception première qu’on aura d’un album et celle qu’on aura à l’arrivée, il y a parfois du chemin. C’est peut-être là la principale vertu du dévoilement de l’album par chapitres : installer, et même indirectement imposer l’obligation de laisser passer du temps avant de pouvoir émettre un jugement dessus. Le premier chapitre a ainsi commencé par installer une impression mélangée de confort et de neutralité. Confort parce que Beach House excellent dans l’art de trousser des morceaux qui vous mettent plutôt dans de bonnes dispositions. Rythme alangui qui invite à l’apaisement, voire à la détente, voix caressante, ce n’est pas difficile de se lover dans le cocon qui nous est offert. Neutralité parce que, paradoxalement, il n’était pas évident de se positionner sur ces quatre premiers titres. En termes d’arrangements, le duo renoue avec une base plus synthétique mais plus claire que sur « 7 » et opte pour une trame mélodique évidente, loin de nous placer en terrain inconnu, tout en gardant un côté mystérieux. Car Superstar ou Pink Funeral jouent sur un côté un peu robotique, comme si le lyrisme qu’on pouvait leur connaître était enfermé dans une logique implacable et pas complètement incarnée.

Par effet miroir, c’est le second chapitre qui nous a poussés à réévaluer le premier. Sur cette seconde salve de quatre titres, le duo garde globalement la même formule sonore mais trousse des mélodies plus directes, plus fédératrices, notamment sur Runaway. Ce côté direct, très évident, laisse alors transparaître ce qui nous a retenus de prime abord sur les premiers titres. En se calant sur des rythmes synthétiques, y compris au niveau du chant, le duo installe une distance. Une distance qui, que ce soit voulu ou pas, illustre ce que l’on a vécu depuis deux ans, où il fallait à la fois côtoyer les autres et rester à bonne distance d’eux. En revenant à Superstar ou au bien titré Through Me, on traverse le filtre sonore pour aller chercher le fil mélodique et la douceur de la voix de Victoria Legrand, qui réussit finalement un nouveau numéro de chanteuse. Car, en tenant de bout en bout la même note, en restant dans un registre cristallin, elle réussit une performance beaucoup moins évidente qu’on ne le croit au départ. On peut alors aborder le troisième chapitre en ayant mieux compris la philosophie de l’album et c’est là que Beach House, sans déroger au côté planant, à la volonté d’offrir le maximum d’espace à l’auditeur, étoffe la production. Sur Sunset, une guitare acoustique est à la manoeuvre pour donner le ton, de beaux arrangements de cordes viennent amplifier la mélodie en milieu de morceau. Sur Only You Know, une guitare subtilement électrifiée cette fois vient se greffer sur la structure, puis Beach House renoue avec sa flamboyance mélodique à l’aide de plages instrumentales qui prolongent les morceaux sur Another Go Round et Illusion Of Forever. 

Après avoir joué avec toutes les facettes de son art de la mélodie planante, des variations sur le même thème et exploré divers aspects d’une recherche sonore ample sans trop en faire, Beach House, sur le dernier chapitre, affirme son envie d’en terminer en renouant complètement avec le côté chaleureux de sa musique. Finale et The Bells jouent sur une douceur organique bienveillante, Modern Love Stories se referme sur un final à la beauté saisissante, cinématographique en diable. Un final qui vient boucler un projet ambitieux superbement mené. « Once Twice Melody » est un plaidoyer pour une écriture pop qui fait toujours mouche, l’album est un laboratoire sonore qui ne vire jamais à l’expérimental. L’album affirme également définitivement la volonté de Beach House de privilégier un certain intimisme, sur disque comme sur scène, où le duo préfère jouer dans des salles plus petites quitte à jouer plusieurs soirs de suite dans la même ville plutôt que remplir une salle gigantesque. Un choix fort qui se retrouve aussi tout au long de « Once Twice Melody », et on ne le prend pas à la légère.

Rédacteur en chef

Tracklist

  1. Once Twice Melody
  2. Superstar
  3. Pink Funeral
  4. Through Me
  5. Runaway
  6. ESP
  7. New Romance
  8. Over and Over
  9. Sunset
  10. Only You Know
  11. Another Go Around
  12. Masquerade
  13. Illusion of Forever
  14. Finale
  15. The Bells
  16. Hurts to Love
  17. Many Nights
  18. Modern Love Stories

La disco de Beach House

100%

7

Depression Cherry7
70%
B-Sides & Rarities7
70%
90%

Bloom

90%

Teen Dream

Devotion7
70%

Devotion