Il faut bien reconnaître que depuis "Mutations", on avait pris l’habitude d’être légèrement déçu à la sortie de chaque nouvel album de Beck. En effet, à force d’admirer cet artiste pour son caractère hétéroclite, on finit par tout attendre de lui. Et à l’écoute de "Guero", on prit le temps de réévaluer le folk de […]
Il faut bien reconnaître que depuis "Mutations", on avait pris l’habitude d’être légèrement déçu à la sortie de chaque nouvel album de Beck. En effet, à force d’admirer cet artiste pour son caractère hétéroclite, on finit par tout attendre de lui. Et à l’écoute de "Guero", on prit le temps de réévaluer le folk de "Sea Change", qui lui-même nous fit regretter l’envie de se déhancher de "Midnite Vultures". Bref Beck brouillait un peu les cartes à force de vouloir imiter Nick Drake, Serge Gainsbourg, Prince, ou refaire "Mellow Gold". Mais sur son dernier album "The Information", Beck semble être revenu à un son mélangeant allégrement folk, hip-hop et rock.
Cette impression est confirmée dès le premier morceau Elevator Music, véritable capharnaüm musical, dont les différents collages nous révèlent un Beck plus en forme que sur "Guero". Tout le disque est à l’avenant grâce à des ingrédients plutôt alléchants : samples funky, basse omniprésente nous délivrant un groove infernal, arpèges cristallins de guitare folk, et claviers aussi planants qu’une séance de méditation transcendantale. La production, très léchée, est assurée une fois de plus par Nigel Godrich. On y retrouve même un son plutôt électro, notamment sur les titres 1000 BPM et New Round, qui ferait presque croire que Godrich a travaillé sur les albums de Beck et de Thom Yorke en même temps.
Pourtant quelques titres déçoivent un peu par manque d’originalité, comme ce Strange Apparition, et son piano stonien, qui rappelle un peu trop Sympathy for the Devil, ou encore l’ouverture de The Horrible Fanfare avec un sample du Requiem pour un Con de Gainsbourg (une idée déjà utilisée, entre autres, par Folk Implosion). On a connu un Beck plus inspiré.
On pourra prolonger l’expérience du disque avec un DVD de clips construits comme un délire disco-hippie-rock. On y croise Beck déguisé en ours, on le voit se faire coiffer par Devendra Banhart avec un peigne géant. Dans le même esprit potache, on notera que la jaquette peut être personnalisée par des autocollants.
Si "The Information" nous livre un Beck plus ambitieux que pour son précédent album, on reste encore un peu sur sa faim par rapport à quelques choix parfois un peu trop confortables. Toutefois le disque s’écoute avec plaisir et à défaut d’avoir un grand album on se contentera d’un bon Beck.