Broken Glass Heroes

LA « dream-team » ! On ne pouvait imaginer plus beau line-up ! La crème de la crème des musiciens en or d’Anvers s’est réunie pour notre plus grand plaisir. Pascal Deweze et Tim Vanhamel, imaginez donc ! Manque encore l’immense Mauro Pawlowski pour couronner cette alliance, mais c’est déjà très bien. D’un côté, Pascal Deweze, à la basse, une des plus belles voix du rock belge, tête pensante et agissante des tout aussi immenses Sukilove (l’équivalent belge à bien des égards de Grizzly Bear), ancien leader de Metal Molly et membre de Mitsoobishy Jacson. De l’autre côté, Tim Vanhamel, un des meilleurs guitaristes belges, avec Mauro bien sûr, ancien guitariste des regrettés Evil Superstars, ancien leader des tout aussi regrettés Millionaire, et ancien membre des Eagle Of Death Metal. Sans oublier le charismatique Sjoerd Bruil, membre de Sukilove et l’homme derrière Black Cassette, aussi un grand guitariste !

Les Broken Glass Heroes qui se sont appelés ainsi, en hommage au Working Class Heroes de John Lennon, se sont réunis dans un studio anversois, pour parfaire un album, après le succès inespéré du single, Let’s Not Fall Apart, utilisé comme bande-son pour le générique de l’émission de caméra caché très populaire en Flandres, Benidorm Bastards. « Grandchildren Of The Revolution » est censé rendre hommage au rock et à la pop des années ’60-’70, chers à Deweze et Vanhamel.

La nostalgie de Baby Don’t Worry étreint le coeur, tout comme Winter Of Love. La voix de Pascal Deweze est si proche de celle de Mc Cartney que cela virerait presque au mimétisme. L’effronté Poor Little Rich Girl secoue les esprits grâce à ses guitares rutilantes, son beat soutenu et Tim Vanhamel qui pousse la voix. Le précieux L.U.V. sonne plus contemporain et rappelle l’album solo de Tim Vanhamel, « Welcome To The Blue House ». Mais bien entendu le meilleur morceau est Let’s Not Fall Apart, un vrai feel-good song, avec les choeurs, l’ambiance très Beach Boys, l’impression d’être sur une plage de Californie, les guitares au zénith et le martèlement de la batterie. I Don’t Need A Woman ferait presque penser aux géniaux Black Lips, en bien moins crade cela dit.

Billboards est une chanson de coeur brisé au style dépouillé, avec de nouveau cette si belle voix de Pascal Deweze, si chaude et si sincère, et une guitare saturée à la fin. Le très country It Won’t Be Much Longer rappelle les premiers fait d’armes de Bob Dylan, et semble être une parenthèse dans l’album, sans néanmoins virer dans les clichés du genre. Le psychédélique U Becomes U pourrait figurer sur un album de Sukilove, le dernier, « Static Moves » par exemple. La belle ballade I Don’t Deserve This Feeling est de nouveau typiquement dans la veine Beach Boys, grâce notamment aux choeurs assurés par Vanhamel et Bruil. Le languissant These Grounds est dans l’esprit des anciens morceaux de Neil Young, période Buffalo Springfield mais aussi avec les guitares du temps du Crazy Horse. Les Broken Glass Heroes ont invité les Sore Losers sur Wild, Wild Life, le morceau caché à la fin de These Grounds, histoire de finir en beauté rock and roll.

Le projet Broken Glass Heroes n’aurait sûrement pas la même saveur s’il n’avait pas été celui des pointures que sont les immenses musiciens et mélodistes Vanhamel et Deweze. Réussissant à mélanger leurs univers musicaux respectifs, l’héritage rock pur de Millionaire d’une part et la sophistication mélodique de Sukilove d’autre part, Tim Vanhamel et Pascal Deweze ont fait de « Grandchildren of the revolution » un très grand album absolument réussi. Lequel, fort heureusement, n’est pas une encyclopédie ambulante, et cela grâce à leur intelligence musicale qui vire au génie. Cet album va dater dans l’histoire du rock belge ! Et comme le dit si bien le godfather de cette fort belle tribu musicale, Mauro Pawlowski, let there be rock ! Et vivement la suite !