Chaque album de Calexico est attendu avec un certain frémissement car le groupe fait partie d'une catégorie rare. Celle des groupes qui perdurent en produisant une musique qui ne change presque pas et qui forcent le respect naturel par leur maîtrise et leur sensibilité.
La musique de Calexico est une constante quasiment invariable depuis déjà plusieurs années. Le groupe qui a emprunté son nom à une petite ville proche de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, revient avec un septième album « Algiers » qui aura mis quatre ans à émerger, enregistré à la Nouvelle-Orélans dans le quartier d’Algiers (premier quartier à avoir été ré-ouvert après l’ouragan Katrina en 2005).
En seize années de carrière, le duo de têtes pensantes (Joey Burns et John Convertino) de Calexico continue d’explorer ce rock hispano-américain où les trompettes croisent guitares acoustiques et électriques pour produire cette musique si particulière propice à l’évasion, rassurante, mélancolique, fleurant bon le rock empreint d’histoires et d’envies de voyages. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu' »Algiers » est le digne successeur de « Carried To Dust », et cela s’entend dès l’ouverture avec le très planant Epic donnant le relais à l’un des temps forts de ce disque, Splitter, dont la course effrénée se ressent depuis la batterie claire jusque dans les paroles (« One hand on the hammer, one foot by the door »).
La force de Calexico est dans leur capacité à assumer et assimiler des influences pour les retranscrire dans une musique sans réel cadre espace-temps, où l’ingrédient magique d’inspiration hispanique est une invitation au voyage (Para). Ce parfait équilibre est maintenu sur les titres les plus marqués comme Puerto et No Te Vayas (et sa trompette d’ambiance de films policiers). De sa voix toujours aussi charmante et délicate, Burns livre des moments de douceur sous un soleil de plomb comme le groupe sait si bien le faire (Fortune Teller, Sinner In The Sea, Maybe On Monday, Better And Better). Ce sont probablement les deux derniers morceaux de l’album qui crucifieront tout auditeur récalcitrant tant les arrangements sur Hush et The Vanishing Mind sont superbes. Comme deux rayons de soleil après un orage, ils transpercent.
A force de vous le dire, nous allons peut être obtenir gain de cause, Calexico est un immense groupe créateur de paysages cinématographiques qui ne vous laisseront pas indemnes. Un jour peut être, vous aurez le loisir de conduire loin, longtemps, dans l’immense « rien ». Ce jour là, je vous invite à prendre quelques disques dont « Algiers » et une fois arrivés à destination, vous m’en direz des nouvelles.
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- Publication 768 vues29 octobre 2012
- Tags CalexicoCity Slang
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