Zdar et Boombass, les deux compères de Cassius, devaient avoir 15 ans vers la fin des années 80, cette période un peu particulière où régnait une sorte d’incroyable émulation musicale au croisement des courants et des genres : acid house, techno, rock FM, funk, hip hop… Sur "15 Again", ils ont eu envie de revenir aux fondements de leur jeunesse, de retrouver dans la musique leur innocence et leur naïveté.

Pour réaliser ce voeu et ne pas répéter les erreurs du passé, les deux producteurs se sont enfermés dans leur home-studio d’Ibiza, en s’imposant des règles strictes dans la composition et dans les moyens consacrés – la créativité est plus grande lorsque que l’on est limité.  Toop Toop, l’incontestable tube de l’album, n’est pourtant pas vraiment en rupture, il aurait très bien pu figurer sur le décevant "Au Rêve".

L’album a ce défaut de ressembler à un exercice de style un peu ennuyeux : acid house médiocre sur Jack Rock et Cactus, autant écouter les classiques d’Adonis ou de Fingers Inc, reggæ avec See Me Now. Les solos poussifs de M donnent une fatigante touche 80’s à Rock Number One et This Song ressemble étrangement à la musique d’I Monster.

L’idée de chanter soi-même sur son disque était bonne, les artistes électroniques prenant le micro étant bien trop rare, mais malheureusement comme le laissait présager l’essai solo de Zdar ("Don’t U Want Me"), le résultat est plutôt moyen. A part le convaincant Eye Water -merci Pharrell- et Toop Toop, rien ne se démarque vraiment. C’est dommage, nous aimions Cassius la machine à tubes dancefloor.

Le voeu était pieux, force est de constater que Cassius a perdu sa fièvre juvénile. Intituler un disque "15 Again" était peut être la plus grande preuve qu’ils n’avaient plus 15ans. Ce n’est pas malhonnête mais juste nostalgique.