Concrete Knives recolle les morceaux et revient livrer, cinq ans après ses débuts, un remarquable second album.
Sans rougir ni passer de la pommade, il serait anormal de ne pas avouer que Concrete Knives nous a manqué. Durant ces cinq années à se demander où se cachait le groupe normand (disloqué dans divers groupes parallèles, Samba De La Muerte et Elecampane en tête…), les fidèles et amoureux transis du premier album « Be Your Own King », florilège de pop espiègle et aventureux, attendaient impatiemment la suite de ces tonitruants débuts. C’était sans compter sur l’un des desseins primaux de l’être humain, qui tout à son honneur, mène parfois à bien ses projets personnels au détriment de ses aspirations, de sa profession ou de son art, quitte à y revenir sans délai avec des idées nouvelles et une énergie décuplée.
« Our Hearts » s’inscrit dans cette lignée et se dresse, dès les premières lectures, en un superbe manifeste de plénitude. Les visages ont troqué leurs mines juvéniles contre des traits affirmés, et les apparats colorés qui ornaient autrefois leurs tenues versent aujourd’hui dans la sobriété, heureusement, toujours à la cool et sans se prendre trop au sérieux. Dans ses baskets comme dans sa musique, Concrete Knives maintient ses attraits pour un univers pop salvateur et propice aux trémoussements de bassin, du génial Bring The Fire et son délicieux apport de cuivres jusque l’envoûtante piste qui prête son nom à l’album, en passant par l’incontournable The Lights, typique du flow dansant de la formation caennaise, suivi d’un Gold Digger aux apparences plutôt rock. En point de comparaison, cette fastueuse entrée en matière s’avère pourtant moins affolante que sur l’intégralité du premier opus. À tort ou à raison, Morgane Colas et ses acolytes dégagent en contrepartie un sentiment de sagesse blotti dans une ambiance intimiste jusqu’alors inédite, restitué sans artefacts et avec une infaillible authenticité (Gone, Babies, Tightrope, dans l’ordre). Le sens des responsabilités est passé par là, sans aucun doute.
Sometimes parachève ces confessions de sentiments nouveaux, tendres et apaisés, qui vont naturellement de pair avec les mutations d’un âge jaillissant, ici dans cet aparté, sur l’écriture et la recherche d’une éloquence mélodique somme toute acquise. Enfin, le groupe revient en rappel à ses amours irrépressibles pour le rythme sur The Quiet Once puis On The Pavement, conclusion de six minutes où s’immisce une longue et libre inspiration instrumentale, un pur instant de lévitation qui vient définitivement entériner le retour en grâce du quintette et de ce bonheur éclaboussant les oreilles, heureux qu’ils soint d’être là, enfin réunis sous leur entité chérie. Et pour nous, de quoi tenir le reste de l’hiver avec du baume au(x) cœur(s)…
Retrouvez l’interview du groupe, à l’occasion de la sortie de « Our Hearts », ici
- Publication 1 453 vues23 février 2018
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