Dans la catégorie révélations d’une année musicale, on a souvent tendance à nous baliser le terrain en nous préparant à l’avance à ceux dont le premier album va faire l’événement, rallier les suffrages. Des fois, c’est réussi, d’autres pas, mais il reste souvent l’impression qu’on tient un disque à ranger dans une case, qui répond […]
Dans la catégorie révélations d’une année musicale, on a souvent tendance à nous baliser le terrain en nous préparant à l’avance à ceux dont le premier album va faire l’événement, rallier les suffrages. Des fois, c’est réussi, d’autres pas, mais il reste souvent l’impression qu’on tient un disque à ranger dans une case, qui répond à des critères précis, rassurants, pourrait-on dire.DM Stith, lui, vient de nulle part et de ne cherche pas forcément à plaire.
N’y voir aucun snobisme, mais le simple constat qu’une entrée en matière comme Isaac’s song, qui ouvre « Heavy Ghost », avec son piano martelé sorti tout droit d’un film muet expressionniste des années 20 et ses quelques vocalises qui semblent désespérément appeler à l’aide, peut faire se refermer l’auditeur non averti comme une huître. Même constat un peu plus loin pour le violon crissant qui clôt BMB. Oui mais voilà, entre temps, l’homme nous aura déjà pris dans ses filets. D’abord parce qu’il a une voix, caressante et envoûtante, qui, si elle ne recèle pas une puissance spectaculaire, lui permet de nous faire croire qu’il est de ceux qui dialoguent avec des forces supérieures, un peu comme un Jeff Buckley en son temps, le parallèle s’arrêtant là. Ensuite parce que le mot singularité aura rarement aussi bien porté son sens pour décrire l’univers de DM Stith. Est-ce que notre homme fait du folk ? Pas sûr, loin de là, ou alors de façon biscornue, en choisisissant comme simple accompagnement une guitare dont on étouffe les cordes (Pigs). A-t-il une passion pour le gospel, les musiques tribales ? Encore plus aléatoire, et pourtant il faut être sacrément habité pour aller chercher des dynamiques comme Creekmouth, imaginer un tel choeur de vocalises que sur Spirit parade. On pourrait continuer comme cela indéfiniment, et on ne serait pas plus avancé.Et pourtant, une certitude, elle, est bien là : cet album recèle un nombre de merveilles insensé.
Car, c’est tout de même là qu’il faut en venir, sur « Heavy ghost », la beauté est partout, et surtout quand on ne l’attend pas. Pity dance et son crescendo dramatique donne le frisson, Pigs, THanksgiving moon sont des bijoux aériens et limpides. Plus encore, DM Stith révèle une capacité à tresser des dynamiques ascensionnelles qui font que, alors même que l’on est déjà sous le charme d’une mélodie, le morceau bifurque pour nous faire atteindre le firmament (Fire of birds, Braid of voices). D’une intensité folle, « Heavy ghost » est un miracle, un album hanté et hantant, d’une virtuosité et d’une unité très rarement éprouvée, un classique en quelques écoutes. DM Stith n’est finalement pas une révélation, c’est un nouveau héros.
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- Publication 595 vues13 mars 2009
- Tags David M. StithAsthmatic Kitty
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