"> Dominique A - Eléor - Indiepoprock

Eléor


Un album de sorti en chez .

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Ineffable : qu'on ne peut exprimer par des mots en raison de son intensité ou de sa nature.

Sachez-le, Dominique A est devenu une telle icône, qu’il est maintenant de bon ton de lâcher un : « J’aime pas DA, sorry. » par simple snobisme, avec l’utilisation de ce « DA » presque dédaigneux et ce désormais convenu « sorry ».

Nous, c’est sans aucun snobisme que nous affirmons que cette nouvelle sortie d’un album du quasi nantais s’est accompagnée comme à chaque fois d’une profonde déception ou plus exactement d’une affliction qui confine à un quasi désarroi, parce qu’on sait qu’il nous faudra patienter jusqu’à 3 ans pour revivre pareille émotion.

A chaque découverte d’une de ses productions musicales ou littéraires, se répète le même émerveillement et « Eléor », sa 10ième œuvre sonore, n’échappe pas à la règle ; nous voilà encore une fois comblés comme des gamins qui déchirent avec empressement et fébrilité le papier d’un cadeau au pied du sapin en écarquillant les yeux devant le joujou tant espéré.

Il faut qu’on te l’avoue ici, assez piteusement, Dominique, mais notre premier contact avec ta musique nous avait quelque peu rebuté. C’était Mes Lapins sur « Un Disque Sourd » en 1991, jeunes et rétifs, nous étions totalement passés à côté de la gentille ironie de ta première production sous notre label local. Puis la maturité aidant, nous nous sommes appropriés ton univers et la passion ne nous a plus quitté jusqu’à ne plus pouvoir nous passer d’un de tes albums plus de quelques jours. Nous voici maintenant Ané-dépendants et c’est une douce maladie dont nous ne voulons pas guérir de si tôt.

Avec ce 10ième disque, tu inventes la téléportation et cela fonctionne merveilleusement pour peu que l’on soit sensible. Nous voilà dans le désordre, au Groenland, en Nouvelle-Zélande, au Canada, aux Etats Unis ou encore au Danemark. A chaque contrée son ambiance, sa narration. Le renouveau et la renaissance pour les terres septentrionales du Cap Farvel (« Ont-ils vu seulement que la brume se lève ? / Ont-ils vu que la Terre ne s’est pas arrêtée ? »), la désirable et inaccessible féminité pour les terres australes de Central Otago (« Elle est venue par la rivière / Comme sortie des eaux »), les voyages immobiles avec Par le Canada (« Il y a des rêves qui ne meurent pas / Qu’on vous repasse / Et qui vous restent sur les bras »), les tragiques épopées avec Oklahoma 1932 (« Le long des voies ferrées / Hommes, femmes et enfants / Tous attendaient / Le peu que l’on avait / Parfois on leur donnait »), une subtile et somptueuse mise en musique du « Carpe Diem » d’Horace ou encore du « A Cassandre » de Ronsard avec Eléor (« Avant que la vie ne se défile / Avant de gagner l’autre bord / Rejoignez-moi à Eléor »).

A ces transports des corps et de l’esprit, tu ajoutes des titres d’une bouleversante beauté qui provoquent un ravissement dès les premières notes. Citons Au Revoir Mon Amour, version contemporaine de « A Une Passante » qui évoque la fugacité des rencontres amoureuses et sur lequel tes mots épousent la musique de Laetitia Velma dans un spleen au final plein d’espoir.

Puis, il y a L’océan

Il faudrait ici des pages pour traduire le sentiment qui nous envahit dès les premiers accords et nous ne sommes pas certains que les horizons marins aient par le passé reçu pareil hommage. Tu nous embarques dans tes émotions d’enfant au premier contact des embruns, un horizon jusque là borné qui soudain s’ouvre sur l’infini, ta découverte et la naissance de ton amour définitif pour les immensités salées (« Comme lorsqu’on courait et qu’il apparaissait / Et qu’on criait de joie, ivres de sa colère »). C’est dans le musée d’Orsay (concert à emporter de la blogothèque) que nous avons pour la première fois écouté ton hymne aux étendues marines, sommes restés figés dans une écoute contemplative et je crois que nous avons apprécié jusqu’au bruit de tes pas dans le silence assourdissant de ce lieu déserté.

Voilà, vous l’avez compris, sommes tombés en amour d' »Eléor » et comme le dit si justement Pierre Lescure qui signe la présentation de cet album : « Jamais peut-être, depuis qu’est née notre relation, à toutes et tous, à Dominique A, le bonheur fort d’écouter et de s’accaparer son album nouveau n’aura autant donné l’envie de le retrouver sur scène ».

Chroniqueur

Tracklist

  1. Cap Farvel
  2. Par le Canada
  3. Nouvelles vagues
  4. Central Otago
  5. Au revoir mon amour
  6. Une autre vie
  7. L'Océan
  8. Semana Santa
  9. Celle qui ne me quittera jamais
  10. Passer nous voir
  11. Éléor
  12. Oklahoma 1932