À l’heure où j’écris ces mots, les fauves sont déjà lâchés. Ils sont là, alertes, se préparent à entrer dans l’arène et à faire résonner sous les coups de fouet leur rage du vide, leur quête de sens...
À l’heure où j’écris ces mots, les fauves sont déjà lâchés. Ils sont là, alertes, se préparent à entrer dans l’arène et à faire résonner sous les coups de fouet leur rage du vide, leur quête de sens. La scène se passe à la Flèche d’Or, pile onze jours après la sortie de « Blizzard », première galette du collectif Fauve. Loin de refroidir la critique, c’est davantage un vent de curiosité et d’admiration qui souffle sur ce « Blizzard », terme qui parcourt ce maxi où transparaît la verve cinglante de ces jeunes parisiens.
Il y a, à n’en pas douter, un truc qui fait tiquer. Un truc qui te prend là où tu ne t’y attendais pas, et te lâche longtemps après. Peut-être dû à l’absence de chant ; le flow seul tient la colonne vertébrale du titre, retentissant à travers un instrumental velléitaire. Les textes, crus et viscéraux, rugissent et bousculent. Ils sont autant de coups de poing que de déclarations maladroites (Kané, Rub A Dub). Un poil glauque puis carrément désabusé, leur maxi semble dire tout haut ce que tout le monde vit tout bas.
Fauve explose, gueule contre le quotidien et la routine qui polluent leurs illusions, asphyxient leurs rêves. Ces six morceaux sont indéniablement l’exutoire de tous ces « enfants perdus » face au monde adulte. C’est le syndrome de Peter Pan, comme les thèmes cinématographiques de Jeunet et Pabst. Collard, lui, voit le nom de sa réalisation phare repris avec le titre Nuits Fauves, qui raconte le malaise sexuel et l’espoir de l’amour retrouvé. Si « Blizzard » était un genre cinématographique, je te laisse deviner le drame que ce serait.
Alors, oui, bien sûr, ça fait écho à mille et unes expérimentations mais ça reste facile. Facile de balancer mal-être et désillusions comme ça, de but en blanc, partant du principe que ça émeut. Malgré tout, Fauve désempare. C’est difficile à expliquer. Leurs mots sont tous criants de vérité et désarmants de sincérité. Ils cognent, giflent fort. À les écouter, ces mecs sont des écorchés vifs. Mais on est tous paumés. Et l’intérêt du disque s’essouffle à peine a-t-on compris quel était le propos.
- Publication 2 027 vues5 juin 2013
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