Hypnose sous saturation
Un énième groupe venant grossir les rangs serrés de la scène psyché… Face au matraquage ambiant, on commence à frôler la crise de foi(e). Mais, parfois, ce fameux énième est l’élément à ne pas manquer. La présence de Go!Zilla sur le catalogue de l’excellent Beast Records ainsi que leur présence au non moins sensationnel Binic Folks Blues Festival 2014 faisaient office de signes avant coureurs. Et voilà donc un énième qu’il ne fallait pas rater.
Premier élément, soit très marketing mais pas moins aguichant, l’EP qui nous intéresse n’est disponible qu’en petit nombre et exclusivement en format vinyle. Une fois n’est pas coutume, attardons nous d’ailleurs sur l’art-work très réussi et fort à propos de l’objet : un fond couleur feu vieillie, un homme à l’élégance vintage dont un serpent s’échappe de la boîte crânienne. Eh bien cette pochette vaut de nombreuses lignes de chronique, tout y est, les influences rétro, le son piquant/brûlant et une espèce de sensation de se retrouver dans un rituel chamanique.
Alors la question reste posée, en quoi Go!Zilla se détache du peloton des aspirants psychédéliques ? Parce qu’ils ne se résument pas à cela, tout simplement. Cela rend la nature psyché dominante du groupe plus instinctive et moins robotique que celle de ses congénères. Bien plus qu’un lifting superficiel des codes sixties, les italiens, à la manière des Oh Sees « salissent » volontairement leur son, les saturations sont grasses, collent aux doigts. Pas clairement de parti pris entre heavy, garage ou pop, l’EP oscille entre tout cela avec un goût pour les fausses pistes. Question ambiance, là également, rien de bien défini ou définitif, on passe d’atmosphère western à des montés en puissance saturées aux confins du post-rock qui viendront parfois s’achever façon mod à la The Who comme sur l’excellent titre éponyme Magic Weird Jack. A d’autres instants le punk le plus rageur se clôture en délire métalleux, tout ceci ponctué par le très Dandy Warholien Dazed Dream qui, comme par magie vient s’intégrer à merveille au milieu de cette lave en fusion. Malgré ça, le titre a des allures plus complexes et denses que ses compagnons d’échappée et recèle plus de détails, notamment ce qui ressemble à des sifflements de serpents en guise de pont. Une bien jolie trouvaille.
Présenté comme cela, on se demande bien où est le psychédélisme. C’est au final un sacré tour de passe-passe de la part de Go!Zilla qui, sans faire directement du psyché, livre un patchwork de 6 titres sans liens apparents. On en ressort avec une sensation d’unité due à une ambiance perceptible d’hallucinations colorées. Un vrai bon groupe à suivre qui semble encore se chercher une identité sonore forte, mais on sent les pistes sur le point de se rejoindre…
S’il ne devait en rester qu’un titre : Dazed Dream.
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- Publication 784 vues12 novembre 2014
- Tags Go!ZillaBeast Records
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