L'escapade Junip mise temporairement en veille, José González retourne à ses œuvres solitaires avec un troisième album fidèle à ses préceptes folk...
Lui-même n’aurait pu croire à une telle attente. L’expectative de tout un microcosme, d’un peuple pendu au sel de ses fables, au son si authentique de ses cordes sèches comme celui de son timbre, instrument privilégié à même de réchauffer les âmes au coeur de l’hiver, qu’il soit humide ou glacial, asthénique ou apaisant. José González, c’est tout cela à la fois. Un artiste à la discrétion certaine, capable de soulever les affects par sa présence faussement charismatique, son univers atypique et sa force primale, celle de convier à son oeuvre ses racines hispaniques à l’esprit de justesse scandinave, lui le suédois de naissance aux origines argentines.
Si le sursis a semblé interminable depuis son album référence « In Our Nature » (2007), José González a entre-temps rejoint ses amis d’enfance sur deux albums au sein du projet Junip, en plus d’avoir converti divers autres projets (dont une B.O. pour le dernier long-métrage en date de Ben Stiller, « The Secret Life Of Walter Mitty »). Il ne lui manquait donc qu’un retour en solitaire, incarné par ce nouvel album « Vestiges & Claws », afin de fructifier un apanage créatif dont personne n’ose encore se délester.
Enregistré chez lui à Göteborg, l’ensemble de ce troisième opus diverge quelque peu d’avec sa précédente livraison. Sensiblement allégé en rythmiques latinisantes (à l’exception des excellents Let It Carry You et Leaf Off/The Cave), l’atmosphère s’y fait cotonneuse et foncièrement plus intimiste, portée par un combo voix/guitare qui sied toujours aussi bien au mélomane à bouclettes. Aussi épurée dans les arrangements que dans l’apport de percussions, l’errance auditive s’exécute avec volupté et captive indéniablement l’attention, que les morceaux soient criblés de douceur (l’introductif With The Ink Of a Ghost, Every Age, Vissel…) ou qu’ils évoquent un folk dans son plus simple appareil (Forest ou Open Book, dont les airs légers rappellent le célèbre Dust In The Wind du groupe américain Kansas).
La douceur réside sans cesse comme le maître mot, une ligne de conduite inaliénable à laquelle José González ne déroge(ra) jamais. Ce qui peut constituer un éternel regret demeure a contrario comme une marque de fabrique, une finesse s’appliquant même au seul morceau engageant paisiblement ses premières notes avant de prendre un envol insoupçonné (l’exquis What Will et son refrain porteur du titre de l’oeuvre…). N’en déplaise aux sceptiques.
Moralité, le songwriter prouve qu’il n’a rien perdu de sa superbe en cours de route. Si dans quelques années, la préférence d’écoute s’orienterait plutôt vers sa précédente livraison (davantage consistante sur la durée), « Vestiges & Claws » constitue un nouveau point d’orgue dans la carrière du maître suédois, au talent de composition toujours indéniable et prêt, en conséquence, à marquer définitivement l’histoire du néo-folk indépendant…
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- Publication 935 vues20 février 2015
- Tags José GonzálezImperial Recordings
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