Il est vrai que nous avons tendance à louer haut et fort la capacité d’un artiste à évoluer lorsque le tournant engagé s’avère être un succès détonant. En revanche, lorsque la transformation échoue, nous sommes nettement moins indulgents envers ce qui est aussi une louable prise de risque. Tel pourrait être la préoccupante situation dans […]
Il est vrai que nous avons tendance à louer haut et fort la capacité d’un artiste à évoluer lorsque le tournant engagé s’avère être un succès détonant. En revanche, lorsque la transformation échoue, nous sommes nettement moins indulgents envers ce qui est aussi une louable prise de risque. Tel pourrait être la préoccupante situation dans laquelle se retrouve Kele, avec la sortie de son tout premier album solo intitulé « The Boxer ».
S’il ne paraît pas surprenant que Kele Okereke parte à l’assaut des dancefloors, les dernières productions de Bloc Party ayant fortement tendance à flirter du côté de la musique électronique, l’usage qu’il en fait se révèle déjà plus déconcertant. En effet, sans sa voix cristalline caractéristique, nous peinerions à reconnaître qu’il s’agit là du brillant leader des britanniques de Bloc Party tant l’ambiance de cet album tranche avec l’univers des précédents disques du groupe. Adieu guitares convulsives et batterie spasmodique. Bonjour synthétiseurs, boîtes à rythmes et autres samplers. Du coup, regrettablement, ça a un côté un peu plus cheap.
Le temps de stupéfaction passé, place à l’appréciation. Il faut bien reconnaître que l’énergumène au talent gros comme ça nous avait habitués à mieux. La curiosité s’efface peu à peu pour nous laisser comme dubitatifs face à une telle débâcle. Le son ressemble tout droit à celui qui pourrait sortir des platines d’une mauvaise boîte de nuit où une soupe FM indigeste serait reine ; l’électro est basique, sans grand intérêt et l’ambiance lounge du titre On The Lam porte le coup de grâce. Cependant, petit à petit, les beats se détendent et les morceaux sonnent davantage comme du Kele en grande forme, comme le prouve le merveilleux Unholy Thoughts qui a le mérite de relever le niveau de ce piètre album. Il semble donc que ce qui pèche, ce soit essentiellement le son Electro-Dance qui, hélas, constitue la majeure partie de cet opus.
C’est alors un disque très inégal que Kele présente aujourd’hui puisque s’il commence (très) mal, les dernières pistes réussissent tout de même à tirer leurs épingles du jeu peu reluisant qui sévissait jusque là. Cela vient confirmer l’impression selon laquelle il est encore trop tôt pour se lancer dans une carrière solo. Effectivement, galvanisé par les autres membres du groupe, il a réussi à imposer une très forte identité à Bloc Party et, de ce fait, il paraît alors difficile de s’en détacher aujourd’hui sans tomber dans quelque chose d’insipide.