La pochette de "Man Alive!" représente un homme vivant, mais à terre.
Chez King Krule la condition humaine a son mot à dire, l’heure des comptes est réclamée, quitte à le crier sous les toits.
Tout droit sorti d’une mine de charbon de la fin du 19ème, on pourrait croiser King Krule au détour d’une rue de Birmingham dirigée par les Peaky Blinders, rouquin teigneux qui porte en lui un charisme brut et non surfait. Ce Roi de rien du tout continue pourtant à faire les cent pas dans son royaume : monticule misérable sous pluie acide, incessante et terriblement romantique. Cette gravure à l’eau forte lave la complexité des arrangements pour ne laisser qu’un son pur où chaque instrument à son indépendance.
Une 1ère écoute de « Man Alive ! » pourrait nous laisser perplexe, King Krule fait du King Krule, mais comme souvent, l’écoute à l’oreille aguerrie soulève beaucoup plus de questions, de vertiges, d’étourdissements…
Prenons en pleine face A Comet Face : la ligne de basse et les percussions valident un rythme sec, efficace et intense, la montée est parfaite parmi les bruits (d’une société ?) obsessionnels pour laisser brièvement un saxophone dénouer l’urgence à l’image d’un Bill Pullman perdu dans « Lost Highway » (si si, écoutez bien, vous verrez).
Dire que King Krule fêtait ses 4 ans (jour pour jour) quand Unkle sortait « Psyence Fiction » le 24 août 1998… Alone, Omen 3 tend le même décor qu’on écoutait à l’époque, lenteur sous trip hop, on croit entendre un scratch du fantôme Shadow… Il n’y a qu’un Anglais qui peut ressortir ce son aujourd’hui, et ça passe toujours aussi bien.
Puis on revient vite dans ce club enfumé où l’on avait découvert King Krule. A l’écoute de (Dont Let The Dragon) Draag On, on distingue à nouveau cette scène peu éclairée aux accords répétitifs, on glisse lentement mais sûrement sur cette pente malsaine, tellement addictive. L’air est beaucoup plus doux sur Underclass, l’espoir en fin d’album ? : non, on enchaîne vite pour Energy Fleets qui nous montre une autre matière, la guitare n’est pas si positive que ça, « securing disease but now it’s part of me » la mélancolie revient au galop, Please Complete Thee aux sons crépusculaires vient conclure d’un air grave voire stressant cet album, pas certain que King Krule aime les happy end, ça tombe bien nous non plus.
- Publication 1 008 vues4 mars 2020
- Tags King KruleXL Recordings
- Titres recommandés Comet Face Alone, Omen 3 (Don't Let The Dragon) Draag On Energy Fleets Please Complete Thee
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