"> La Pieta - L'Innamorata - Indiepoprock

L’Innamorata


Un album de sorti en chez .

7

Le second album de la Pietà, tentative risquée d'exploration intime.

Mettons d’abord les choses au point avant tout autre propos : on ne dira jamais de mal de Virginie Nourry, alias La Pietà. Auteure d’une poignée de EPs et d’un premier album paru il y a deux ans, créés en toute indépendance, produits grâce au financement participatif, empreints d’une langue magnifiquement intransigeante et directe, musicalement superbement libres, entre scansion slam et énergie rock (pour schématiser), Virginie Nourry est tout simplement une artiste rare et essentielle dont la démarche ne mérite rien d’autre que du soutien. Et pourtant, à l’heure de ce second album, les pièges étaient plus que nombreux. Mais comme en plus des qualités déjà mentionnées, Virginie Nourry est lucide et honnête, elle nous facilite le boulot dès Indécise, morceau inaugural de l’album, dans lequel elle passe en revue tous les dilemmes qu’elle devait affronter : entrer à tout prix dans des cases, en poussant à l’excès ses colères, ou au contraire tourner le dos à cette fibre pour laisser paraître plus franchement la fragilité qui sous-tend son oeuvre. Même interrogation sur la forme. Mettre une mélodie sur des mots en français, c’est le risque de tomber dans la case « chanson française », dans laquelle se cotoie tout et n’importe quoi, s’échiner à rechercher une certaine rédicalité sonore, c’était le risque de ne pas trouver l’écrin adéquat aux émotions que voulait véhiculer Virginie Nourry sur « L’Innamorata ».

Car au coeur de « L’Innamorata », album sur l’amour, il y a la blessure du manque d’amour justement, la peur de ne jamais le trouver, le manque de confiance en soi, les souffrances qu’il provoque parfois, la croyance farouche en la vie et la résilience. Et pour exprimer toutes les turpitudes et les élans de son coeur, Virginie Nourry fait le pari de ne pas choisir, entre mélodies évanescentes au piano et aux textes poético-naïfs (Emmêlons-nous) et moments sous tension avec guitares syncopées et mots acides (Bienvenue). Et bien sûr on ne se retrouve pas dans tout, loin de là, notamment quand on a l’impression de voir poindre l’ombre, potentiellement inconsciente, de figures de la chanson française qu’on ne citera pas formellement mais auxquelles on a toujours cherché à échapper. Mais « L’innamorata » recèle suffisamment de moments forts pour nous convaincre que La Pietà est toujours aussi importante. Il y a la résilience, la force, l’émotion et la beauté qui jaillisent des mots et de la voix de Virginie Nourry sur Une Tempête ou J’pédale. 

Et puis il y a Pas Jolie, qui est bien plus qu’une chanson. Sur la forme, avec sa structure ascensionnelle, ses cordes qui s’entremêlent à un drone obsédant et sa batterie électronique implacable, la force véhiculée est déjà phénoménale. Quand s’y ajoute une voix au-delà de la fêlure et des mots à la sincérité à la fois glaçante et bouleversante, au point qu’arriver à la fin du morceau sans avoir les larmes aux yeux est totalement impossible, on se dit que « L’Innamorata » pourrait exister rien que pour ce moment.

Rédacteur en chef

Tracklist

  1. Laute Hain Raja Ram

La disco de La Pieta