Lee Ranaldo

Une guitare en plein chaos.

Vivre, puis déconstruire, puis réécrire, se raconter afin d’exprimer son roman aux autres, prouver et marquer l’époque pour mieux l’ancrer (à jamais ?) ou tout simplement prendre sa guitare en plein chaos, est le minimum de l’acte artistique, en général.

Après 30 ans de vie dans Sonic Youth, une quinzaine d’albums solo et un nombre incalculable de participations dans divers projets, Lee Ranaldo ne se repose jamais, pas d’adieu condescendant au public, années après années, jamais décalé, toujours au fil du rasoir de nos vies.

C’est au début de l’automne 2020, chez lui à Manhattan, que Lee Ranaldo a enregistré son ressenti après un été meurtrier et cette peur de sans lendemain qui chante. Pas de chant justement, tout juste un sifflement, une très légère voix et quelques bruits (d’urgences hospitalières ?) discrètement captés en arrière fond de ses six cordes de guitare, unique instrument pour une seule face de vinyle. Un acte épuré pour exprimer sans crier, de l’élégance de ne pas se placer en avant face à la tragédie, d’une dignité rare, d’une simplicité à toute épreuve. Pendant que certaines gueulent leurs 30 ans en tête de gondole, Lee Ranaldo ne parle pas de lui, mais de nous. Il serait illusoire de décrire ce témoignage sonore découpé en 4 parties, le seul moyen est évidemment de l’écouter, de préférence au casque, afin de capter au mieux sa construction, son écriture, derrière les cordes et quelques bruits de rue new-yorkaise, le silence dans son souffle a beaucoup de choses à dire également.

(photo d’une rue de Soho en pleine pandémie, Manhattan, New York, USA, 2020 – Reuters/Mike Segar)

Outre une édition vinyle disponible depuis le 12 novembre chez Mute Records, un livre-cd a été publié aux éditions Lenka Lente où les compositions d’In Virus Time accompagnent des nouvelles de l’écrivain français Lucien Jean.