Lionne

Un nouvel EP pour Lionne, qui agrandit joliment sa palette musicale.

Anne Berry, alias Lionne, s’était fait remarquer il y a trois ans avec un premier EP tout en délicatesse, touchant dans son propos, plein de grâce musicalement. Qu’il ait fallu attendre trois ans pour que « Lignes De Fuite », ce second EP, arrive jusqu’à nous pourrait apparaître comme un éloge de la lenteur, ce qui ne serait d’ailleurs pas du tout une tare, mais, au milieu, il y a eu deux années où éditer de la musique dans des conditions « normales » était de toute façon plus que compliqué. Il est donc finalement assez logique que ces titres n’arrivent à nous que maintenant, même si leur écriture remonte à plusieurs mois. Et, pour être juste, un petit coin de voile s’était déjà levé sur cet EP en décembre dernier avec la divulgation du très beau et joliment clippé Je Veux Danser. Un titre qui traitait de la fin de vie, propos bien sûr difficile mais vu sous un angle volontairement positif.

Saisir les moment de grâce, les retenir, les prolonger le plus possible semble d’ailleurs une volonté exprimée dès l’ouverture de ce nouvel EP avec le bien nommé Ralentir, où l’évocation de tout ce qui fait la beauté de la vie et exalte est égrené d’une voix claire, superbement posée sur une mélodie d’une pureté totale et des arrangements où se mêlent éléments électroniques et organiques dans une belle osmose. Le Rire De Nos Rires, adapté d’un poème de William Blake, file lui aussi le thème des moments de joie et de plénitude à saisir et tout dans les arrangements invite à l’onirisme, à se projeter dans un océan de sensations et de beauté. Arrêter Le Soir glisse ensuite vers un peu plus de mélancolie, sans pour autant rompre un instant cette volonté de ton juste, de raffinement et de pureté, et ne fait finalement que rappeler que tout ce qui est beau est fragile. Aller Loin boucle impeccablement cet EP avec un morceau au titre qui pourrait se révéler plein de prémonition. Car dans sa quête d’aller « chercher ce qui ne s’éteint pas » Lionne fait preuve d’une telle justesse de ton qu’il serait vraiment dommage que son oeuvre reste confidentielle.