Lionne

Le premier EP du nouveau projet d'Anne Berry.

Même s’il faut parfois éviter de surinterpréter différents événements, il en est parfois qui, au-delà de la souffrance et des turbulences qu’ils provoquent, sont aussi paradoxalement, à plus long terme, libérateurs. Ainsi, si on se gardera bien de dire quoi que ce soit sur les rapports qu’Anne Berry, alias Lionne, entretenait avec son père, étant donné que nous n’en savons rien, le fait que sa disparition soit mentionnée dans sa bio et implicitement décrite comme l’élément déclencheur qui l’a poussée à écrire et à devenir davantage qu’une artiste cantonnée dans l’ombre des différents projets auxquels elle a participé s’inscrit dans ce schéma. Et il n’y a certainement pas de hasard non plus si le EP qui sort aujourd’hui est décrit comme un acte de naissance.

A l’écoute des quatre titres qui le composent, on comprend vite pourquoi. Car ils ne sonnent pas comme ceux d’une artiste qui tâtonne ou se cherche encore, ce qui est logique étant donné que Lionne n’est pas une débutante à proprement parler, mais plutôt comme ceux d’une personnalité qui, à force de gestation, a enfin brisé l’armure et déploie ses ailes. Ces quatre titres, et notamment les deux centraux, Même Si et Résilience, encore plus touchants parce qu’ils sont interprétés en français et que, dans ce cas précis, la familiarité de la langue nous les rend plus proches, sont absolument irréprochables en termes de fluidité, de production et d’interprétation. Voix parfaitement posée, sans effets excessifs ni faiblesse, arrangements variés et riches à base de claviers, de superbes cordes et de petits jeux de batterie subtils, tout est à sa place, rien ne se contrarie. Les dynamiques, pop, oniriques, parfois mélancoliques, sont audacieuses, mouvantes et libres et en disent beaucoup sur le potentiel d’une artiste qui, sur les deux titres en anglais, Schoolboy et Cradle Song 2, se permet en outre d’adapter William Blake sans rien renier à la modernité. Lionne a de bien beaux jours devant elle.