"> Lower Dens - Nootropics - Indiepoprock

Nootropics


Un album de sorti en chez .

9

L’unanimité engendre toujours la méfiance et une avalanche de lauriers préfigure bien souvent un retour de bâton cinglant. Si l’on en juge par le déferlement de superlatifs qui s’abat sur ce deuxième album de Lower Dens, sans se tromper, on peut donc d’ores et déjà écrire la critique du prochain disque du groupe : il […]

L’unanimité engendre toujours la méfiance et une avalanche de lauriers préfigure bien souvent un retour de bâton cinglant. Si l’on en juge par le déferlement de superlatifs qui s’abat sur ce deuxième album de Lower Dens, sans se tromper, on peut donc d’ores et déjà écrire la critique du prochain disque du groupe : il sera très mauvais. Trop de compliments, c’est louche. D’autant plus louche que « Nootropics » n’est en fait pas très facile à aimer : il s’agit d’un disque modeste, sobre, assez répétitif, sans véritable tube. Et pourtant cette formule semble parler à une multitude de personnes dans la blogosphère : faut-il y voir une nouvelle hype sans grande substance ou au contraire l’éclosion d’un talent majeur ?

Parlons de la musique. Les américains proposent un style qui doit beaucoup à certains pans du rock des seventies ; on entend clairement des racines kraut-rock, on pense volontiers à la période européenne de Bowie et Eno (certaines arabesques de guitare, sur Lamb notamment, rappellent le Bowie de « Heroes »), et Kraftwerk pourrait avoir signé Lion In Winter, Pt. 2. Par bien des côtés, ces « nouveaux tropiques » offrent donc plus de rétrospective que d’innovation. En revanche, Jana Hunter et ses acolytes manipulent ces références avec une belle dextérité et une vraie personnalité, de sorte qu’après quelques écoutes, on savoure vraiment leurs meilleurs morceaux plutôt que d’en rechercher les origines à tout prix.

Ce qui marque le plus sur « Nootropics », c’est la capacité du groupe à créer des compositions dont l’humeur change subtilement en cours de route, grâce à des progressions d’accords inattendues et qui pourtant coulent de source. C’est notamment le cas au cours de l’hypnotique Brains ou encore sur Lamb, dont le refrain jaillit de nulle part, véritable trouée de lumière mélodique dans une chanson par ailleurs ascétique. Le côté fascinant des compositions les plus répétitives (Brains encore) plonge l’auditeur dans un certain état d’hébétude comparable à celui d’un voyageur somnolant dans un train se déplaçant de gare en gare (station to station)…

En fait, sur sa première moitié, « Nootropics » impressionne clairement et l’on se sent prêt à dégainer les superlatifs de rigueur. Puis, étrangement, le soufflé retombe. La seconde partie de l’album manque cruellement de toutes les qualités qui plaçaient le début de l’album au-dessus de la mêlée. Plus de mélodies, plus vraiment de structures dans ces chansons invertébrées, informes et longues comme un jour sans pain.

S’installent alors une légère frustration et quelques interrogations. Frustration car on aimerait pouvoir applaudir un grand album, ce coup de maître que l’on croit tenir en découvrant les premiers morceaux et qui nous échappe au fur et à mesure que s’effilochent ces belles promesses, nous laissant « seulement » avec un très bon disque au goût d’inachevé. Interrogations ensuite car on aimerait comprendre en quoi cet album a pu déclencher un tel enthousiasme : appréciation sélective basé sur des écoutes incomplètes ? Réaction exagérée récompensant également l’attitude d’un groupe dont la modestie et la sobriété renforcent le charme ? On laissera le lecteur se faire sa propre opinion, l’écoute de « Nootropics » demeurant conseillée, notamment pour sa première moitié de grande classe.

Chroniqueur

Tracklist

  1. Alphabet Song
  2. Brains
  3. Stem
  4. Propagation
  5. Lamb
  6. Candy
  7. Lion in Winter Pt. 1
  8. Lion in Winter Pt. 2
  9. Nova Anthem
  10. In the End is the Beginning

La disco de Lower Dens