Le 18 octobre dernier, la terre a tremblé du côté de Chicago, Illinois. Un tremblement de terre de magnitude 9.1 sur l’échelle de notation Pitchfork, le « faiseur de rois » de la musique dite indépendante. L’heureux élu se nomme « Hurry up, We’re Dreaming » soit le 6ème album de M83, le projet solo d’Anthony Gonzalez commencé en […]
Le 18 octobre dernier, la terre a tremblé du côté de Chicago, Illinois. Un tremblement de terre de magnitude 9.1 sur l’échelle de notation Pitchfork, le « faiseur de rois » de la musique dite indépendante. L’heureux élu se nomme « Hurry up, We’re Dreaming » soit le 6ème album de M83, le projet solo d’Anthony Gonzalez commencé en duo en 2001 du côté d’Antibes aux côtés de Nicolas Fromageau (désormais à la tête de Team Ghost). Ce n’est pourtant pas la meilleure note collectée par M83 chez Pitchfork, la palme revenant à « Dead Cities, Red Seas & Lost Ghosts » (9.2), deuxième opus de ce qui était encore un duo, petit bijou d’électronica/shoegaze au chant quasi-absent. Tout cela pour dire que M83 n’avait pas vraiment besoin d’être adoubé de la sorte pour voir sa côte grimper de l’autre côté de l’Atlantique, elle est depuis longtemps très élevée, bien plus qu’en France où sa musique (de moins en moins) expérimentale a eu du mal à dépasser le cercle fermé des aficionados.
Ce relatif désamour a poussé Anthony Gonzalez a s’exiler dans son pays d’adoption après le succès commercial sur le marché américain de « Saturdays = Youth », son précédent album daté de 2008, qui marquait un virage musical important dans la carrière de M83. On avait été plutôt déçu par la tournure résolument pop donnée à ce projet à la base électro et la rupture, déjà sous-jacente depuis « Before The Dawn Heals Us », avec sa fanbase d’origine semblait définitivement consommée. On voulait pourtant croire à une rédemption, même si l’annonce de la sortie de « Hurry Up, We’re Dreaming » sous la forme d’un double-album en hommage notamment au « Mellon Collie and the Infinite Sadness » des Smashing Pumpkins, n’avait rien de franchement rassurant.
Les premières écoutes ont cependant rapidement levé le doute sur ce nouvel album enregistré du côté de Los Angeles avec l’ex-bassiste de Beck, Justin Meldal-Johnsen, aux manettes. Il y aurait bien sûr beaucoup à redire sur les 22 titres de « Hurry Up, We’re Dreaming », un album XXL, aux dimensions américaines diront les mauvaises langues, dont la grandiloquence frôle parfois l’écoeurement. A cela vient s’ajouter des sonorités 80’s poussiéreuses (saxophone sur Midnight City ; basse slappée sur Claudia Lewis) qui ont de quoi donner quelques boutons aux plus réfractaires de cette époque que l’on ne cesse de remettre au (mauvais) goût du jour. On préfère se concentrer sur ce qui fonctionne sur cet album et notamment ce chant plus assumé de la part d’Anthony Gonzalez, au point de tenir tête à Nika Roza Danilova (Zola Jesus) sur la superbe Intro. Un chant qu’il a appris à apprivoiser et qu’il s’est décidé à assumer un peu plus après avoir tourné en compagnie de quelques « bêtes de scène » tels que les Killers et Depeche Mode.
« Hurry Up, We’re Dreaming » est, comme souvent chez M83, construit autour de la thématique de l’adolescence et du rêve, deux thèmes collant parfaitement avec les plages instrumentales qui ponctuent ce double-album et qui renvoient à un passé pas si lointain qui rimait avec Goom (le label des 2 premiers albums). On a souvent comparé la musique de M83 aux musiques de films, Anthony Gonzalez est un fan de cinéma notamment américain, et ce nouvel album brille une fois de plus par son côté cinématographique, un registre que le français compte bien explorer plus avant à l’avenir après l’essai raté sur « L’Autre Monde » de Gilles Marchand.
Avec ce nouvel album, Anthony Gonzalez touche donc du doigt ce rêve américain tant fantasmé par l’imaginaire collectif musical et cinématographique. Le choix du double-album était un pari risqué, un pari à moitié réussit car le CD2 souffre de la comparaison avec le premier. Néanmoins, « Hurry Up, We’re Dreaming » nous réconcilie avec un groupe dont l’évolution, nécessaire, ne nous a pas toujours convaincu. Pas encore prophète en son pays mais ça ne saurait tarder.
Tracklist
- Intro
- Midnight City
- Reunion
- Where the Boats Go
- Wait
- Raconte-moi une histoire
- Train to Pluton
- Claudia Lewis
- This Bright Flash
- When Will You Come Home?
- Soon, My Friend
- My Tears Are Becoming a Sea
- New Map
- Ok Pal
- Another Wave from You
- Splendor
- Year One, One Ufo
- Fountains
- Steve Mcqueen
- Echoes of Mine