C’est à une opération de rajeunissement que s’est attelé Anthony Gonzalez sur le cinquième album de son groupe M83. L’Antibois, orphelin de son compère Nicolas Fromageau depuis 2005 et l’album « Before The Dawn Heals Us », n’est pourtant âgé que de 26 ans mais la nostalgie semble agir chez lui comme une fontaine de jouvence créative. […]
C’est à une opération de rajeunissement que s’est attelé Anthony Gonzalez sur le cinquième album de son groupe M83. L’Antibois, orphelin de son compère Nicolas Fromageau depuis 2005 et l’album « Before The Dawn Heals Us », n’est pourtant âgé que de 26 ans mais la nostalgie semble agir chez lui comme une fontaine de jouvence créative. Après deux albums version solo décevants, on espérait que cette fièvre des samedis soirs serait synonyme pour M83 de retour aux nappes électro atmosphériques saupoudreés du shoegazing des débuts.
Fasciné par l’adolescence, les teen movies et les années 80, Anthony Gonzalez a voulu rendre hommage à cette période plutôt récente de sa vie pour laquelle il garde une nostalgie évidente. Il s’est entouré pour l’occasion de deux producteurs chevronnés, Ken Thomas et Ewan Pearson, connus pour avoir travaillé, entre autres, avec Sigur Rós, Cocteau Twins, Depeche Mode ou encore The Rapture. Morgan Kibby, chanteuse de l’obscur groupe californien The Romanovs, vient poser sa voix céleste sur quelques titres pour la plupart fadasses (Skin of The Night, Up!), hommage assumé aux « heavenly voices » de Liz Fraser, Kate Bush et consorts qui bercèrent les années 80 de leurs voix soyeuses. Seul le planant We Own The Sky sur lequel la voix de Morgan Kibby apparaît en retrait donne un peu de crédit à cette collaboration.
Si les synthés vintage et les ambiances atmosphériques possèdent toujours voix au chapitre, les guitares sont devenues omniprésentes depuis le précédent opus. Synthétiques (Kim and Jessie, Graveyard Girl) ou réverbérées (Higway of Endless Dreams, Dark Moves of Love), elles marquent la rupture consommée avec l’electronica allemande de M83 version duo. La place de plus en plus importante accordée au chant est une autre des facettes du putsch artistique d’Anthony Gonzalez. Hormis le premier single Couleurs, ses 8 minutes 34 d’hommage muet en noir et blanc à New Order, ou les 11 minutes 10 de Midnight Soul Still Remains, évoquant aussi bien l’ambiant du précédent « Digital Shades vol. 1 » que la BO de Twin Peaks façon Badalamenti, le reste de ce « Saturdays = Youth » délaisse les plages instrumentales au profit d’une pop de facture plus classique, structurée, formatée.
Si le talent d’Anthony Gonzalez pointe encore le bout de son nez en quelques occasions (de plus en plus rares), la galaxie M83 ne cesse de perdre de son aura auprès des fans de la première heure. Adulé aux Etats-Unis où il bénéficie d’un gros succès critique et commercial, l’Antibois délaisse de plus en plus l’électro classieuse pour une junk food pop mal dégrossie. « Saturdays = Youth » s’apparente à ce titre à du foie gras servie avec des frites et du ketchup. A vous de séparer le bon grain de l’ivraie…
Tracklist
- You Appearing
- Kim & Jessie
- Skin of the Night
- Graveyard Girl
- Couleurs
- Up!
- We Own the Sky
- Highway of Endless Dreams
- Too Late
- Dark Moves of Love
- Midnight Souls Still Remain