Il est toujours regrettable de voir un artiste ne pas être suivi lorsqu’il fait preuve d’audace. Ainsi, il y a deux ans, avec "Eat me, drink me", Marilyn Manson avait conçu un album sur lequel, sans se renier, il s’était livré à une lente déconstruction introspective de son univers, comme s’il incarnait son personnage tout […]
Il est toujours regrettable de voir un artiste ne pas être suivi lorsqu’il fait preuve d’audace. Ainsi, il y a deux ans, avec "Eat me, drink me", Marilyn Manson avait conçu un album sur lequel, sans se renier, il s’était livré à une lente déconstruction introspective de son univers, comme s’il incarnait son personnage tout en nous laissant en voir les rouages et soignant la composition au passage. Pourtant, le public ne l’avait pas véritablement suivi, trop habitué sans doute à son image extravertie et provocatrice, même si Marilyn Manson n’a jamais été que cela. Partant de là, que fallait-il attendre de "The high end of low" ? Une fuite en avant, Marilyn Manson tournant le dos au succès pour opérer une mutation complète, ou bien un retour à des ambiances plus conformes à ce qu’on a connu de lui ?
Évidemment, le suspense, si tant est qu’il ait existé, est vite levé, Marilyn Manson en tant que concept n’ayant de toute façon aucune pertinence s’il ne trouve pas d’écho auprès du public. Il serait donc facile de boucler l’affaire en trois phrases, en ne citant que Arma-motherfucking-geddon ou Blank and white et en pointant que ces morceaux nous rappellent des Dope show et autres Mobscene, que Marilyn Manson fait ce qu’on attend de lui, avec aplomb sans rien apporter de neuf. Et pendant qu’on y est, on pourrait enfoncer le clou avec We’re from America et conclure que si retour à un pré carré rassurant il y a, l’histoire elle va de l’avant et qu’à l’heure où Obama est à la tête de l’Amérique, Manson perd une bonne partie de son potentiel subversif.
Cependant, les choses sont tout de même un tout petit peu plus complexes. Car, alors que les précédents albums étaient marqués par un son très high-tech, les guitares poussées par des éléments électro, "The high end of low" est au contraire marqué par un son plus direct et organique. Conséquence, sur un titre comme Four rusted horses, c’est une slide guitar qui mène la danse pour un morceau impeccable, tendu à souhait sans virer dans le gros son. D’autres moments comme ça, on en trouve quelques-uns sur l’album, à commencer par Devour, qui démarre calmement pour préparer parfaitement la déflagration finale. A citer également, Unkillable monster, bien écrit, et Into the fire pour son piano et son interprétation intense et dramatique. En conclusion, "The high end of low" n’est pas un album apte à véritablement nous satisfaire, car trop porté par une volonté de consensus, peut-être inévitable mais pas moins frustrante. Mais Marilyn Manson n’y renie pas complètement les acquis des dernières années, et c’est toujours ça de pris.
- Publication 589 vues9 juin 2009
- Tags Marilyn MansonInterscope Records
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