"> Pascal Bouaziz - Haïkus - Indiepoprock

Haïkus


Un album de sorti en chez .

7

L'autre extrême de Pascal Bouaziz...

Wikipedia nous définit le terme haïku de la manière suivante : « petit poème extrêmement bref visant à dire et célébrer l’évanescence des choses ». Il s’agit donc de cela, dans cet album, de dilution inexorable tant musicale que sémantique. Pour son premier effort solo et son cadre marqué, Pascal Bouaziz va explorer la composition et le chant d’une manière radicalement différente, à tel point qu’on du mal à reconnaître sa voix. C’est en effet d’un organe presque fluet que l’artiste susurre ses textes vaporeux empreints d’une concision extrême. Un laconisme à ce point poussé qu’il fait l’objet de titres particulièrement courts ou de répétitions de schéma, comme on en a plus l’habitude dans la composition purement instrumentale. Ceci associé aux allitérations de consonnes fuyantes confère à l’atmosphère un lyrisme accessible qui ramène aux plus grands moments d’un Leonard Cohen, d’un point de vue sonore du moins. Autre référence qui nous saute aux oreilles à l’écoute de Ta Main, Chokebore semble revivre derrière ce refrain répété à l’infini sur fond de riff/arpège autiste.

À côté de cette délicatesse (ou déliquescence ?) qui habite l’aspect purement instrumental, vocal y compris, les textes montrent une efficacité désarmante. Avant toute autre chose, la poésie préside à la conception de ceux-ci, les sens et patterns s’entremêlent pour faire extraire d’elle-même l’idée forte de chaque titre, comme une montée en puissance sémique. C’est d’ailleurs au prix d’une certaine prise de recul que l’on perçoit la complexité de la démarche sur certains morceaux, tant la fluidité et le refus de l’élitisme transpirent de ces vers. Cette entreprise d’épuration de l’écriture habite donc l’album, et prend toute sa valeur tant par la forme que par le fond.

À chacun ses chemins vers la beauté de cet album, nous avons tendance à répéter la ritournelle « Cessez d’écrire s’il vous plait, je n’suis pas curieux de vous connaître » avec son « s’il vous plait » qui résume assez bien l’écriture générale. A priori dispensable, la locution marque l’humilité et l’humanité qui émane du poète qui voit en ces quelques mots leur valeur dans son propos. Nous pourrions également évoquer Miracle dont la violence du verbe prend une ampleur impressionnante à la mesure du contraste que la douceur musicale lui apporte. L’énumération des particularités de chaque titre pourrait en l’occurrence avoir un sens tant chacun semble indépendant, à l’image de ce qu’ils sont sensés être : une idée simple déclinée brièvement dans ses aspects diffus, en phase d’effacement. Nous nous sommes attardés sur ceux qui nous ont particulièrement marqués, en cela, il s’agit de construction personnelle, mais nul doute qu’il y a en ces 13 morceaux de quoi toucher un bon nombre d’humains.

Le dernier album de Mendelson comme le premier de Bruit Noir marquait une tendance à la rudesse, à une forme de violence immédiate, presque crachée. Ici, Pascal Bouaziz prend le contre-pied de cette démarche, chantant plus que déclamant, travaillant des textes ciselés, et s’appuyant sur un ensemble musical des plus doux, et là aussi, le bougre excelle!

S’il ne devait en rester qu’un titre: Cessez d’écrire.

 

 

 

 

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Tracklist

  1. Que du bruit
  2. La trace
  3. Cessez d'écrire
  4. L'être humain
  5. Ta main
  6. Miracle
  7. L'ombre
  8. Encore envie
  9. Avec la peur
  10. Toutes ces guerres
  11. Loin
  12. S'il ne fallait que ça
  13. Les choses

La disco de Pascal Bouaziz