Certains artistes semblent animés d’une frénésie créative, couchant sur bande le moindre embryon mélodique qui leur passe par la tête, alignant avec une fréquence confondante des albums pleins à craquer. Et puis il y a des artistes comme Perio ; des artistes qui choisissent de ne parler que quand ils ont quelques chose d’intéressant à […]
Certains artistes semblent animés d’une frénésie créative, couchant sur bande le moindre embryon mélodique qui leur passe par la tête, alignant avec une fréquence confondante des albums pleins à craquer. Et puis il y a des artistes comme Perio ; des artistes qui choisissent de ne parler que quand ils ont quelques chose d’intéressant à dire – ce qui n’est que rarement une mauvaise idée. Perio, donc, c’est trois albums à peine, plus un live, en quelque 15 ans. "The Great Divide", le dernier en date, propose à peine 35 minutes de musique. Autant dire qu’Eric Deleporte, la tête pensante de Perio, n’opte pas vraiment pour la prolixité.
Quand on parle de silence, de rareté, le nom de Mark Hollis (Talk Talk) revient souvent dans la conversation. Musicalement, il serait très difficile de dresser un parallèle entre "The Great Divide" et, mettons, "Spirit Of Eden" ; pourtant, ce souci de l’économie, du choix de la note juste rapproche quelque peu les deux artistes. A l’arrivée, on aurait peine à trouver superflu un moment de cet album que l’on devine remis maintes fois sur le métier, retravaillé jusqu’à toucher à l’essence de chaque chanson.
D’une grande unité de ton, "The Great Divide" abord pourtant plusieurs genres, principalement sous influence américaine ou britannique : country, folk, pop, new wave… Les parties de guitares, sobres et sèches, percutent et font office de trait d’union entre les genres. On soulignera notamment les arpèges dépressifs de An Evening Constitutional et les accords arides de Jiggling.
Irrémédiablement blanche (new wave, folk urbaine), la musique de Perio exsude pourtant une sorte de spleen, de mélancolie latente qui évoquent plus facilement certains pans de la musique soul. Perio, ce serait ainsi une soul urbaine, blafarde, aux yeux cernés, une soul de nuit blanche, palpable sur les titres les plus lents (The March, l’élégiaque The Tourist ou le hanté Where Echoes Bounce). Le volet new wave est plus facilement lisible, en revanche, sur les chansons les plus rythmées et donne lieu à de très bons moments comme Leap Frog ou l’excellent Unconnected Soul. Toutefois si "The Great Divide" s’impose sur la longueur, c’est plus grâce aux morceaux les plus lents, les plus tristes, les plus marqués par l’influence folk ou country. Ces morceaux, justement, sont rares et l’on n’en croise que trop peu souvent sous nos latitudes : autant de bonnes raisons de ne pas passer à côté…
- Publication 729 vues17 février 2011
- Tags PerioMinimum Music
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Tracklist
- Sheer Garbage
- Jiggling
- Unconnected Soul
- An Evening Constitutional
- The March
- Leap Frog
- Bfap
- Where Echoes Bounce
- Tell Him
- The Tourist
- Lo-Res NYC