Nouvel album pour le new-yorkais à l'univers raffiné.
Sorti de la confidentialité il y a deux ans avec la publication de « Pool », album délicat, soigné et à la production impeccable, le new-yorkais Aaron Maine alias Porches revient aujourd’hui nous offrir la suite. Alors quoi de neuf ? On aura remarqué qu’il arbore désormais une couleur de cheveux blond platine et porte un anneau à l’oreille, ce qui lui donne une allure plus fashion victim. Et musicalement ? A priori, pas d’évolutions majeures. En soi, sachant que « Pool » était déjà l’album d’une nouvelle façon de concevoir sa musique, Porches y troquant la guitare acoustique de ses débuts contre des synthés et boîtes à rythme, on ne s’en étonnera pas outre mesure. Mais « Pool », s’il était le résultat d’une « révolution sonore » à l’échelle de son auteur, n’en était pas une dans un contexte plus global et, si l’album était une véritable réussite, c’était avant tout parce que les chansons d’Aaron Maine, parfaitement écrites, trouvaient un moyen d’expression qui leur convenait très bien.
Sur « The House », Porches se donne pour ambition de reprendre le même canevas sonore, voire de ne pas s’appesantir dessus, de laisser à ses chansons un esprit « démo », et d’en faire de petites épiphanies, d’où leur brièveté, l’album affichant 37 minutes pour 14 titres. Alors comment faut-il interpréter cette ambition, sachant que l’aveu d’immédiateté et de simplicité visé peut aussi bien être considéré comme modeste qu’au contraire audacieux, étant donné que réussir à capturer tout ce qu’on veut mettre dans une chanson avec un certain minimalisme et sur un temps réduit oblige à « ne pas se louper » ? La première écoute confirme précisément que Porches a pris le risque que l’auditeur traverse l’album sans que rien ou presque n’accroche ses oreilles. Le tempo est peu ou prou le même sur l’ensemble des morceaux, les synthés donnent une trame sonore plus réduite que sur « Pool » et on passe d’un titre à l’autre sans véritablement déceler de nuances ou de sommets.
Pour être plus précis, c’est une impression ressentie sur les deux premiers tiers de l’album, un peu moins sur sa dernière partie, Porches ayant choisi de terminer l’album sur quelques titres plus « consistants ». De fait, la sensation de départ ne s’estompe pas complètement sur les écoutes suivantes. On reconnaîtra certes des qualités pop à Leave The House ou Now The Water mais, globalement, on reste trop à la surface des choses, les morceaux ne parvenant pas à marquer durablement les esprits. On le déplorera d’autant plus que, comme on l’a dit plus haut, Porches retrouve grâce et beauté sur la fin d’album, notamment sur l’excellent W Longing, qui vaudrait presque l’écoute de l’album à lui tout seul. « The House » est donc ce qu’on appelle un album déceptif, qui ne remet néanmoins pas en cause le talent de son auteur. Porches a fait le pari de la spontanéité et de la brièveté, mais il s’avère meilleur quand il prend un peu plus son temps. A lui d’en tirer la leçon qui s’impose.
Porches sur la route
Tracklist
- Leave The House
- Find Me
- Understanding
- Now The Water
- Country
- By My Side
- Åkeren
- Anymore
- Wobble
- Goodbye
- Swimmer
- W Longing
- Ono
- Anything U Want