Les fans français de Redjetson ne sont sans doute pas légion, même si "New general catalogue", leur premier opus, avait fini par être distribué en 2006 par le méritant label bordelais Talitres. Par ailleurs, parmi ceux qui ont jeté une oreille sur ce disque à l’époque, beaucoup ont dû faire la fine bouche. Car sur ce […]
Les fans français de Redjetson ne sont sans doute pas légion, même si "New general catalogue", leur premier opus, avait fini par être distribué en 2006 par le méritant label bordelais Talitres. Par ailleurs, parmi ceux qui ont jeté une oreille sur ce disque à l’époque, beaucoup ont dû faire la fine bouche. Car sur ce premier effort, les londoniens mettaient en avant des éléments qu’on a chéri jadis mais qu’on aime rejeter aujourd’hui : des guitares empilées, une, deux, et puis trois tiens, tant qu’on y est, qui tissaient de longs accords incendiaires et sombres. Une voix volontiers caverneuse, qui pouvait lorgner du côté d’un certain Ian Curtis par instants. Tout ça pour servir de longs morceaux emphatiques et souvent graves. Non, trop de déjà vu, décidément, ce groupe avait autant d’atouts que de casseroles à ses basques. Tant pis pour tous ceux qui sont passés à côté, donc.
Sur "Other arms", son second album, Redjetson joue plus vite, dès Soldiers & dinosaurs, le batteur a du mal à suivre et son jeu est approximatif. Les morceaux sont globalement plus courts, même s’ils descendent rarement en dessous des cinq minutes. Redjetson joue toujours toutes guitares en avant, en équilibre instable entre l’épique et le dramatique, même si une lumière plus directe illumine la musique du sextet. Les morceaux sont tellement portés par la même intensité que, d’abord, on trouve qu’ils se ressemblent tous, que ce disque ne regorge d’aucune idée, que les mélodies finalement, en sont absentes.
Pourtant, on y revient, Redjetson ne semble croire qu’en eux-mêmes, dans le fait de jouer encore et encore, d’aller tout droit. De fait, c’est un véritable élan romantique qui porte ce disque et ce groupe. Déclamer des chansons, sans souci d’autre chose, et espérer que peut-être certains s’y arrêteront, comme devant For those who died dancing, finalement tellement beau avec son refrain enfièvré, son chant d’une intensité lyrique. Comme devant Count these demons et ses déflagrations implacables, ses violons qui se nichent dans un coin, l’air de rien, et ses vagues mélodiques, qui reviennent, reviennent et nous submergent. Puis devant Threnody encore, avec un piano cette fois, pour une vraie belle ballade, émouvante, intimiste d’abord, héroïque ensuite mais tellement sincère. Redjetson n’innove en rien, s’en contrefiche, ne séduit pas. Non, Redjetson s’incarne, se fond, complètement dans sa musique. Par moments, ça donne des frissons.
- Publication 281 vues3 novembre 2009
- Tags RedjetsonGizeh Records
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