Sibyl Vane

Auteur d’un premier EP « Prêt-à-Porter » en 2003, le groupe palois Sibyl Vane (nom emprunté au personnage du « Portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde) livre son premier album « Paradoxes ». Et ce premier essai s?avère être un joli tour de passe passe, entre post-rock et noisy mélancolique. Signé sur le label toulousain Jerkov, Sibyl Vane met en scène son univers un peu mystique, hypnotique, perché et inspiré à l’aide d’une poignée de chansons qui valent (pour la plupart) la peine d’être écoutées attentivement. La première chanson au titre trompeur, 3rd Song, propose un rythme entêtant, une mélodie un tantinet glauque, nerveuse ; un piano qui ponctue les phrases d’un chanteur à la voix assez « américaine », accent marqué, peut être un peu trop. Le ton est donné.

Parfois maladroit, car trop péremptoire, « Paradoxes » n’en est pas moins un très bon premier album, avec des moments d’intensité prometteurs. Circus, peut-être la meilleure chanson de l’album, distille un son noisy, tendu au maximum, porté par une batterie épileptique et des guitares débridées, tantôt le riff en avant, tantôt l’arpège brillant. On replonge alors dans le rock indé du début des années 90, du côté de Manchester, ou de New York. Puis Rock Icon, titre un peu « facile », à la mélodie un peu tirée par les cheveux, laisse place à Strangest Ways et sa belle neurasthénie (à ne pas écouter en cas de déprime trop avérée).

Plus efficace quand le chant est en anglais plutôt qu?en français, Sibyl Vane réussit à créer son propre univers ?théâtral, sulfureux- en tablant sur des constructions rock souvent jouissives. Un groupe à découvrir, pour son esthétisme (qui va jusqu?à la stylisation particulière du boîtier du CD), sa franchise artistique sans compromis et ses chansons de très bonne facture.