Sleater Kinney

Pourquoi de tels disques passent-ils aussi inaperçus à l’heure ou l’on parle tant de retour du rock avec toute la cohorte des formations en The ? Faut-il voir ici les effet d’une hype qui ne se focalise que sur un archétype de rockeur (converse, p?tite cravate, arrogance exacerbée…) ? Le genre de constat qui énerve tant il relève vite de la futilité d’un apparat masquant une vraie pauvreté musicale derrière laquelle s?engouffre toute une presse ébahie. Bref? « The Woods » est le disque magnifique d’un groupe aguerri (et féminin) qui ne recycle pas Gang of Four. Ce qui, ces derniers temps, pourrait être perçu comme une prouesse.

Ce rock là n’est pas affaire de production ou de fioritures mais de jeu, d’intentions, de hargne. Et d’écriture. Qui d’autre en 2005 peut se targuer de composer des titres comme Jumpers ou Steep Air à l’intensité aussi palpable ? La voix de Corin Tucker, empreinte d’une assurance et d’une puissance confondante, s?allie à merveille aux méandres qu?élaborent les deux guitaristes. c’est d’ailleurs dans l’enregistrement du son de celles-ci que revient le mérite de Dave Fridmann, producteur plutôt connu pour la finesse, voire la grandiloquence des arrangements des derniers disques de Mercury Rev. Ici, il ne s?évertue qu?à capter au mieux la distorsion des amplis et la dynamique de la batterie. Rien d’autre. c’est gras, agressif, impérial.

Le reste, le trio s?en charge et parvient, un comble, à nous gratifier d’un Let?s Call It Love de plus de 10 minutes, solo et happening en sus, sans que la moindre once d’ennui ne s?installe. Pas très Gang of Four quoi. Et c’est tant mieux.