Un an seulement après le remarquable et acclamé « Monday’s Ghost », Sophie Hunger revient pour notre plus grand plaisir. Cette Suissesse de 27 ans ( le titre du nouvel album se référant à l’année de sa naissance) en a à revendre, et sa personnalité hors du commun s’exprime à merveille dans ses chansons, entre colère, exaltation […]
Un an seulement après le remarquable et acclamé « Monday’s Ghost », Sophie Hunger revient pour notre plus grand plaisir. Cette Suissesse de 27 ans ( le titre du nouvel album se référant à l’année de sa naissance) en a à revendre, et sa personnalité hors du commun s’exprime à merveille dans ses chansons, entre colère, exaltation et mélancolie. Elle a fait appel cette fois-ci à l’ingénieur du son, Stéphane Briat, connu notamment pour ses collaborations avec Phoenix et Air.
Sur le morceau inaugural, Leave Me With The Monkeys, elle donne de nouveau le meilleur d’elle-même, grâce à ce timbre de voix si particulier, prenant même ici des accents soul. Le climat semble tempéré, mais quand sa voix s’élève, on ressent des frissons imparables. Lovesong To Everyone aux arrangements subtils et aériens, nous emporte, et quand le phrasé de Sophie Hunger s’accélère, le morceau devient vite entêtant. On se dit que cette fille peut tout chanter, qu’elle est l’aise dans tous les registres, et on pense dès lors à une lointaine cousine, la géniale Ani Di Franco. 1983 est chanté en allemand, et ressemble à s’y méprendre à un règlement de compte avec l’année qui la vue naître.Citylights Forever débute avec un martèlement, et puis la voix de Sophie, si touchante et ardente, se déploie dans une atmosphère entre chiens et loups, à deux doigts de virer dans la mélancolie profonde, mais avec assez de courage pour ne pas s’engluer et toujours tirer le morceau vers le haut, vers des sphères immaculées.
Elle offre, à nous bienheureux, une reprise de Le Vent Nous Portera de Noir Désir, et elle en donne une version personnelle empreinte d’une retenue émotionelle, dont l’original était malheureusement délesté. Le trombone de Michael Flury apporte ce supplément de frissons qui donne une dimension toute nouvelle au morceau. Mais le meilleur morceau de l’album est sans conteste Breaking The Waves, car on retrouve le piano exalté de Sophie, sa rage rentrée mais saine, et une envie de courir à travers champs. Cette énergie folle est d’autant plus bouleversante qu’elle n’est pas dénuée d’une certaine fragilité. Les deux morceaux, Approximately Gone et Invisible sont par contre déçevants, dans le sens ou ils apparaissent trop faciles, trop pop, peut-être aussi parce qu’ils n’empreintent pas des chemins alambiqués nappés de mélancolie pour arriver à nos oreilles. Heureusement, quand Sophie Hunger revient avec Broken English, on respire, et on la préfère ainsi, mise à nue, mais toujours mystérieuse.
Sophie Hunger a fait du chemin, et on ne peut qu’être admiratif devant ce parcours entrepris en un an à peine. Sa maturité s’exprime à merveille dans cet album, certes inégal, mais qui dévoile toujours un peu plus les ressorts d’une personnalité attachante et fière. Mais peut-être lui faudra-t-il plus qu’un an pour prendre un peu de recul, avant de ressortir un nouvel album, dans lequel elle continuera à se livrer en demi-teintes.
- Publication 584 vues3 juin 2010
- Tags Sophie HungerTwo Gentlemen
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