The Last Dinner Party

Déjà l'heure du second album pour les Anglaises.

L’époque où une jeune formation se révélait, sortait un premier album, enchaînait par une tournée puis prenait le temps pour peaufiner la suite semble bien loin. Désormais, le maître-mot est d’occuper le terrain et de ne quasiment jamais le délaisser. Les Anglaises de The Last Dinner Party n’en sont que le dernier exemple en date parmi d’autres. Ainsi, après un premier album sorti début 2024 à la suite du buzz de leur single initial et une première tournée pour le défendre, les filles ont enchaîné par une vaste revue des festivals d’été puis, pour récolter les fruits d’un succès grandissant, par une nouvelle tournée dans des salles plus grandes. Est alors venu le temps de nouveaux titres, de nouveaux concerts et, à peine vingt mois après « Prelude To Ecstasy », de la sortie de « From The Pyre », leur second album. Un rythme qui évidemment interroge et nous oblige à nous demander combien de temps un groupe peut le tenir avant d’exploser en vol…

Toujours est-il qu’on ne peut néanmoins pas se plaindre d’avoir un nouveau disque d’une des formations les plus interessantes du moment. Et, les concernant, on pouvait plus ou moins se douter, dans les grandes lignes, quelle forme « From The Pyre » pourrait prendre. « Prelude To Ecstasy » avait révélé le goût de The Last Dinner Party pour la pop baroque, un côté théatral, mais aussi pour les ruptures de rythme intempestives et une certaine grandiloquence qui, bien sûr, constituait la limite de leur musique. Difficile à partir de là d’imaginer une surenchère, plus facile de parier que la troupe menée par Abigail Morris allait plus ou moins se « recentrer ». L’écoute de « From The Pyre » nous confirme qu’on ne s’était pas trompés, sans pour autant que cela fasse de l’album un disque convenu qu’on avait la sensation de déjà connaître.

Car si The Last Dinner Party ont un peu poli les angles de leur musique, restait à savoir si cela se ferait pour le meilleur et, surtout, si l’inspiration serait au rendez-vous et à même de nous prouver que le groupe a de quoi durer dans le temps. La première vertu de « From The Pyre » est de révéler plus précisément le talent individuel des membres du groupe. Abigail Morris, voix du groupe, apparaissait ainsi jusque-là comme une « habile meneuse » à l’aise dans son rôle et à l’avenant du reste du groupe. Mais « From The Pyre » révèle une véritable chanteuse à part entière. Les morceaux confirment le goût de la troupe pour ce fameux côté théatral, où chaque fois semblent surgir de nouveaux personnages incarnés par Abigail Morris, très à l’aise en conteuse, comme sur l’excellent This Is The Killer Speaking ou encore Count The Ways. On apprécie aussi l’étendue de son registre quand elle joue l’émotion et monte très haut sur Rifle, tient quasiment le morceau à bout de bras (ou de voix) sur Woman is A Tree.

« From The Pyre » est aussi la confirmation que The Last Dinner Party est définitivement un très bon groupe pop. Le terme n’est en rien galvaudé car il met en lumière la capacité du groupe à écrire des morceaux à la construction parfois complexe mais surtout mélodiquement imparables. De l’irrésistible Count The Ways au refrain addictif au brillant Rifle en pasant par le touchant The Scythe, on a la même impression de fluidité. « From The Pyre » est ainsi, plus qu’une confirmation, la démonstration que The Last Dinner Party est à sa place. On leur souhaite maintenant sincèrement de garder la même fraîcheur et de savoir se ménager du temps pour elles.