Un album qui déborde !
Le pire était à craindre. Conflits, séparation, addictions, drugs and rock’n’roll… nous étions plutôt habitués à ce genre de nouvelles concernant les Libertines ces dernières années. Les lumières étant plein feu sur Pete Doherty, artiste dandy, un peu maudit, broyé par les tabloïds anglais se gaussant de ses errements. Carl Barat était devenu plus sage, mais aussi peut-être plus triste sans son alter ego musical.
Alors, lorsque les Libertines ont annoncé une reformation, puis un nouvel album, l’on était en droit de se méfier et d’avoir des difficultés à penser que rien de bon ne pouvait advenir, que le but de tout cela était financier, comme il en a été pour tellement de groupes et tellement de reformations. Et pourtant…
Et pourtant, les Libertines parviennent avec cet Anthems for the Doomed Youth à nous surprendre et même plutôt agréablement. D’ailleurs, le titre de l’album, au-delà de faire écho à la poésie de Wilfred Owen (poète de la Première Guerre mondiale), résume assez bien l’esprit global de ce disque : une succession d’hymnes pour une jeunesse qui a traversé ou qui traverse la guerre. Un truc pour tenir le coup, quoi.
On ne peut s’empêcher de penser que Pete Doherty a mis beaucoup de lui dans ce disque, lui, dont on sait qu’il traverse une guerre, sa guerre, depuis plusieurs dizaines d’années : sa lutte contre les addictions en tous genres.
Ceci étant, « Anthems for the Doomed Youth » n’est pas qu’une métaphore musicale de tous les déboires de Doherty (« you can’t fumigate the demons, no matter how much you smoke »), c’est aussi et avant tout un album qui déborde, et une véritable célébration : celle d’une bande de copains qui se retrouve, celle du rock anglais et des groupes qui lui ont donné ses lettres de noblesse.
« Anthems for the Doomed Youth » est un de ses disques qui vous colle le sourire et vous rappelle tout ce que le Royaume-Uni a produit de magique, et parmi ça, on pense à Blur, (Fame and Fortune), Bowie, mais également aux Libertines eux-mêmes, avec ce son si caractéristique ! Barat et sa bande sont de retour et ils n’ont pas fini d’en découdre.
On ressent, à l’écoute de ce nouvel opus, une véritable joie de s’être retrouvés, de rejouer ensemble et de faire revivre l’alchimie de ce duo magnifique : Barat et Doherty. Comme Johnny Marr et Morrissey, ces deux-là fonctionnent mieux ensemble, même si les carrières solos qu’ils ont menées ont toujours été globalement honorables d’un côté, comme de l’autre.
La joie et l’énergie de ce disque sont contagieuses et on imagine aisément les bars, les jeans serrés, les odeurs de bières séchées et de transpiration, les accents à couper au couteau, les guitares, le son un peu sale et l’ambiance d’un pub survolté.
Et rien que pour ça, on remercie les Libertines de nous avoir livré ce très bel album, bouffée d’espoir, de positivité, de talent pour une personnalité qui a traversé l’enfer et toutes celles qui se reconnaîtront en lui ; mais également génial hommage artistique à toute une nation et à tout ce qu’elle a fait de bien, en littérature et en musique (ce disque renferme une pluie de références littéraires diverses !); la cristallisation parfaite de cet état d’esprit étant le titre « Anthems for the Doomed Youth » avec son refrain qui donne envie de bouffer la vie et de se relever et fissa (« Well, life could be so handsome, life could be so gay. We’re going nowehere, but nowehere’s on our way ». CQFD, on ne sait pas vraiment ou on va, mais on y va avec détermination et tout va bien se passer !)
Tout au long de ce disque, les morceaux aussi énormes que parfaitement ficelés se succèdent… Barbarians, Fame and Fortune, Iceman, Heart of the Matter, The Milkman’s Horse… Autant de titres qui donnent envie d’avancer et de surpasser toutes les duretés de la vie, avec le sourire et l’envie, surtout. Car c’est ce qui ressort également d’Anthems for the Doomed Youth, une envie folle, de vivre, de continuer, de profiter ; des élans vitaux gravement contagieux.
Il semblerait que les Libertines n’en aient pas encore fini de tout ça et c’est une bonne nouvelle ; Croisons les doigts pour que Doherty réussisse à apprivoiser ses démons et pour que ses copains ne le lâchent pas, ça serait dommage, en témoignent ces hymnes béquilles que l’on a envie d’écouter une pinte de bière à la main, avec le sourire et l’espoir dans le futur.
- Publication 1 137 vues7 octobre 2015
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The Libertines sur la route
Tracklist
- Barbarians
- Gunga Din
- Fame And Fortune
- Anthem For Doomed Youth
- You're My Waterloo
- Belly Of The Beast
- Iceman
- Heart Of The Matter
- Fury Of Chonburi
- The Milkman's Horse
- Glasgow Coma Scale Blues
- Dead For Love
- Love On The Dole
- Bucket Shop
- Lust Of The Libertines
- 7 Deadly Sins