"> The Smashing Pumpkins - Gish - Indiepoprock

Gish


Un album de sorti en chez .

7

Le premier album des Smashing Pumpkins porte bien ses vingt-cinq ans : regard rétrospectif sur les débuts du groupe mené par Billy Corgan...

Sorti en pleine déferlante grunge, « Gish » serait-il le petit frère mal né de « Nevermind » ? Les deux albums ont souvent été mis en parallèle : ils partagent, il est vrai, le même producteur, Butch Vig, et se distinguent par un son brutal, basé sur des guitares omniprésentes. En cette fin d’année 1991 cependant, Nirvana va s’arroger toutes les palmes, focaliser toutes les attentions, remporter tous les succès, reléguant les Smashing Pumpkins au rang temporaire de faire-valoir anecdotique. Qui plus est, à l’écoute, la comparaison tourne rapidement court : « Gish » aligne des compositions nettement plus marquées par le hard-rock et le psychédélisme des années 70 que par le punk et la pop. Ainsi, tandis que Nirvana conquiert les foules avec des hymnes immédiats qui épousent et subliment le désarroi d’une génération d’adolescents que l’on n’allait pas tarder à classifier sous la lettre « X », les Smashing Pumpkins doivent ronger leur frein : l’heure de leur rock ampoulé n’a pas encore sonné.

Même si l’on est encore loin des grandiloquences qui distingueront les travaux ultérieurs du groupe, on perçoit tout au long de « Gish » les racines des compositions à venir : les Smashing Pumpkins proposent déjà des chansons aux constructions ambitieuses, des structures plus complexes que les riffs très directs et percutants de Siva ou I Am One ne le laisseraient paraître de prime abord. De même, les quelques accalmies qui parsèment le disque, notamment Daydream qui fait office de point d’orgue, ancrent également l’inspiration des Américains dans d’autres territoires, ceux d’une pop anglaise rêveuse et mélancolique incarnée par les Cocteau Twins. Derrière le mur du son se dessinent ainsi déjà les contours d’une vision panoramique du rock qui va s’affiner au cours des années suivantes.

Les morceaux qui composent « Gish », tous écrits par le leader Billy Corgan, forment un ensemble cohérent et de grande qualité, qui porte très bien son petit quart de siècle. Toutefois ils manquent encore de variété : de Bury Me à Tristessa en passant par Siva ou I Am One, on retrouve une même formule mêlant étroitement le rythme martelé par Jimmy Chamberlin et un impressionnant mur de guitares. Soulignons au passage la place particulière du batteur dans le style des Pumpkins. L’apport décisif de Dave Grohl au son de Nirvana, largement documenté et très sensible lorsque l’on compare « Bleach » et « Nevermind », est à mettre en parallèle avec le rôle majeur de Jimmy Chamberlin dont la frappe brutale et féline, immédiatement identifiable, représente une indéniable caractéristique du rock des Smashing Pumpkins. Le son des guitares, encore assez brut de décoffrage même si on le devine déjà fort travaillé par Corgan et Vig, contribue enfin à extraire les Américains de la masse. Avec une présence appuyée des basses, les parties de guitare, mixées très en avant, évoquent parfois un ronflement d’avion au décollage, ce qu’illustre à merveille Bury Me, le meilleur titre de l’album. Anecdote significative : Butch Vig a souhaité que l’ensemble des parties de guitare et de basse soient jouées par Billy Corgan afin d’obtenir un son cohérent : dès ce premier effort, le ver est dans le fruit et les Smashing Pumpkins n’ont déjà plus rien de démocratique. James Iha et D’Arcy Wretsky ont pris place sur les strapontins jouxtant le fauteuil de Corgan.

Pour autant, si les tentations mégalomanes de ce dernier sont en cours d’éclosion, la musique du groupe de Chicago est encore empreinte d’une certaine modestie, d’une candeur qui allait progressivement disparaître (faire défaut) du vocabulaire de Corgan. À maints égards inabouti, un rien monotone, « Gish » représente malgré tout l’affirmation touchante et pleine de talent d’un groupe qui aligne d’emblée quelques classiques et dont le style déjà volontiers ampoulé marquera la suite de sa carrière.

Chroniqueur

Tracklist

  1. I Am One - Remastered 2011
  2. Siva - Remastered 2011
  3. Rhinoceros - Remastered 2011
  4. Bury Me - Remastered 2011
  5. Crush - Remastered 2011
  6. Suffer - Remastered 2011
  7. Snail - Remastered 2011
  8. Tristessa - Remastered 2011
  9. Window Paine - Remastered 2011
  10. Daydream - Remastered 2011
  11. Starla - 2011 Mix
  12. Siva - Peel Session / Remastered 2011
  13. Honeyspider - Reel Time Demos / 2011 Mix
  14. Hippy Trippy - Crush Music Box Demo
  15. Snail - Live Radio Performance/1992
  16. Plume - 2011 Mix
  17. Bury Me - Reel Time Demos / 2011 Mix
  18. Daydream - Old House Demo
  19. Tristessa - Sub Pop Single / 2011 Mix
  20. Girl Named Sandoz - Peel Sessions / 2011 Remaster