"> The Smashing Pumpkins - Siamese Dream - Indiepoprock

Siamese Dream


Un album de sorti en chez .

9

L'album de la consécration pour les Smashing Pumpkins qui accèdent au succès international. Le sommet de leur discographie ?

Album de la consécration pour les Smashing Pumpkins, qui passent en quelques mois de gloires indé à superstars mondiales, « Siamese Dream » a été mieux compris par le public que par la critique, en particulier en France. Il faut reconnaître que ce disque échappait aux canons de l’époque, que ce soit ceux du mainstream ou des circuits alternatifs. A l’époque, seul Bernard Lenoir suivait avec enthousiasme les ambitions du groupe, allant jusqu’à l’inviter pour une de ses mythiques Black Sessions. Pour le reste de la presse musicale, les évaluations ont oscillé entre une appréciation polie et un rejet marqué de ce rock déjà gargantuesque.

Par rapport à « Gish », ce deuxième album matérialise de nombreuses évolutions : si les morceaux sont encore en grande partie propulsés par une structure guitare / batterie d’une efficacité sans faille, les mélodies se diversifient et s’inscrivent désormais nettement dans une veine pop qui permettra à Today et Disarm de s’imposer dans les charts. En parallèle, l’influence du rock progressif des seventies se traduit par l’allongement sensible des morceaux et l’adjonction de nombreux soli de guitare. Le travail de production de Billy Corgan et Butch Vig, enfin, fait la part belle à l’empilement de multiples couches sonores et complexifie nettement le son du groupe.

L’histoire de l’enregistrement de « Siamese Dream » est connue et largement documentée : à l’orée du succès, les Smashing Pumpkins affrontent à la fois la crise d’inspiration de leur leader, l’addiction grandissante de leur batteur et la séparation du couple formé par James Iha et D’Arcy Wretzky. Jouant le tout pour le tout, Corgan prend seul les commandes du groupe et laisse libre cours à ses élans totalitaires pour l’ensemble du travail de studio. La légende veut ainsi que Corgan lui-même ait de nouveau enregistré l’ensemble des parties de guitare et de basse, reléguant Iha et D’Arcy au rang de seconds couteaux. A l’arrivée, « Siamese Dream » propose un ensemble de morceaux souvent trop longs mais pour l’essentiel de grande qualité, à la fois complexes dans leur structure et d’un abord très immédiat grâce à des accroches pop directement compréhensibles : au-delà des tubes évidents, des pièces comme Hummer, Soma ou Mayonaise démontrent que malgré ses doutes, Billy Corgan a conservé voire développé toutes ses qualités de compositeur.

Le travail sur le son est très important et impressionnant : les guitares semblent littéralement grouiller, une impression auditive difficile à retranscrire mais qui s’entend nettement sur un grand nombre de morceaux. C’est tout simplement le fruit de la superposition d’un nombre déraisonnable de pistes. Le résultat est à la fois perturbant et stimulant : dans le cadre général de la chanson, les sons de guitare comportent une part importante de flou dans laquelle vont se développer des harmoniques inattendues et tandis que les mélodies demeurent totalement abordables, les progressions d’accords peuvent être perçues de différentes façons selon les écoutes, ce qui contribue d’ailleurs à la longévité de l’album.

Sans vouloir donner dans la psychologie de comptoir, on peut aisément voir chez Corgan des sentiments complexes et antagonistes très similaires à ceux qui tourmentaient Kurt Cobain. De façon très nette sur « Siamese Dream », une véritable recherche du succès côtoie la volonté d’imposer une vision artistique ambitieuse et exigeante. Chez Cobain, cette dualité (largement décrite par l’artiste lui-même dans son journal) se manifestait par sa vénération pour les Beatles comme pour Hüsker Dü, par le souhait d’imposer ses chansons au-delà de leur forme grunge via la formule « unplugged », par des renvois d’ascenseurs appuyés à des groupes obscurs comme les Vaselines ou les Meat Puppets. Pour Corgan, cela s’est traduit par un antagonisme fort entre les mélodies pop et les structures prog-rock, puis par un travail acharné, presque autiste, en studio, permettant de proposer un son d’une profondeur inédite au service de la simplicité des accroches.

« Siamese Dream » est trop brutal pour la FM, trop ampoulé, boursouflé pour les fragiles estomacs de la critique rock : malgré cela, avec vingt ans de recul, il est souvent considéré comme le sommet de la discographie très inégale des Pumpkins. C’est peut-être là la plus grande victoire de Billy Corgan. Sa mégalomanie galopante et son goût pour l’outrance musicale prêtent le flanc à toutes les railleries faciles mais le constat s’impose : ce type a réussi à surmonter tous ces obstacles pour faire connaître et apprécier du plus grand nombre son rock brutal, pompeux et surproduit. Il y a une bonne raison à cela : cette musique, aussi grandiloquente et démonstrative soit-elle, a une âme. Que l’on apprécie ou pas le personnage de Billy Corgan, tyran antipathique, il faut également lui reconnaître une capacité hors normes à transmettre à l’auditeur des émotions complexes, souvent violentes, avec une sincérité confinant parfois à la naïveté et que n’altère pas la production envahissante construite autour des chansons. C’est déjà énorme.

Chroniqueur
  • Pas de concert en France ou Belgique pour le moment

Tracklist

  1. Cherub Rock - 2011 Remaster
  2. Quiet - 2011 Remaster
  3. Today - 2011 Remaster
  4. Hummer - 2011 Remaster
  5. Rocket - 2011 Remaster
  6. Disarm - 2011 Remaster
  7. Soma - 2011 Remaster
  8. Geek U.S.A. - 2011 Remaster
  9. Mayonaise - 2011 Remaster
  10. Spaceboy - 2011 Remaster
  11. Silverfuck - 2011 Remaster
  12. Sweet Sweet - 2011 Remaster
  13. Luna - 2011 Remaster
  14. Pissant - Siamese Sessions Rough Mix
  15. Siamese Dream - Broadway Rehearsals Demo
  16. STP - Rehearsal Demo
  17. Frail And Bedazzled - Soundworks Demo
  18. Luna - Apartment Demo
  19. Quiet - BBC Session/BC Mix
  20. Moleasskiss - Soundworks Demo