"> Tom Bodlin - Comme Je Descendais Des Fleuves Impassibles - Indiepoprock

Comme Je Descendais Des Fleuves Impassibles


Un album de sorti en chez .

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Une chose est sûre, vous n'avez jamais rien entendu de la sorte.

Question qui taraude bon nombre de mélomanes de notre espèce : après quoi courons-nous dans nos recherches d’artistes à notoriété limitée ? Une réponse est la surprise, la démarche unique et artistiquement ambitieuse, voire jusqu’au-boutiste. Tom Bodlin, à n’en point douter, s’inscrit à merveille dans ce critère généraliste.

Saxophoniste et chanteur au sein de Café Flesh, groupe de noise garage nerveux aux accents de blues crasseux, l’électron s’atèlle en parallèle à sa carrière solo. Dépoussiérant les usages habituels de son instrument, l’artiste battit ardemment  depuis 2011 une discographie proprement unique. « Comme je descendais des fleuves impassibles », déjà son quatrième album, sonne comme une maîtrise plus assumée des aspirations expérimentales de l’OVNI « Palais Des Enfants ». Quelques-uns d’entre vous auront reconnu la personnalité derrière le nom de l’album. En effet, l’artiste s’est inspiré du « Bateau Ivre » d’Arthur Rimbaud pour la conception de ce superbe LP, que seuls 200 chanceux auront en main. D’ailleurs, l’album se clôturera par la mise en musique du poème.

Quelques minutes de googlisation nous situeraient l’homme quelque part entre Tom Waits et Morphine, de la folie et un saxophone, en somme. Ce type de réduction, bien que parfois pratique, se heurte souvent à ses limites. En l’occurrence, elle nous semble proprement erronée. De fait, bien que les deux éléments sus nommés soient flagrants, on est surtout frappé par l’orchestration générale des cordes, instruments à vent et donc, cuivres. A l’image du titre Not Sad, on a parfois plus le sentiment d’avoir affaire à de la musique classique.

Du moins, très loin des débuts estampillés « noise garage nerveux aux accents de blues crasseux »,  Tom Bodlin révèle un talent certain à agencer nombre de mesures instrumentales, toutes de son fait, sans tabous sur le travail de production. Quel meilleur exemple que Dans Les Clapotements Furieux Des Marées pour signifier cette partie du travail de l’artiste, qui axe son propos sur un produit beaucoup plus expérimental, évoquant inconfort et inquiétude sur fond de reflux erratiques, au prix de quelques arpèges tendus nappés de captures sonores dont la pertinence tiendrait presque de la sorcellerie.

D’autres titres plus immédiats tels que Can’t Stop Smoking nous renverraient eux plus à une relecture lointaine du jazz ou du blues, toujours sous le sceau d’un soin apporté à l’environnement sonore, fouilli mais avant tout à point. Voilà une image des compositions de ce  « Comme je descendais des fleuves impassibles », le concept de la musique à point, comme une espèce de paroxysme que chaque titre atteint : plus loin, ce serait trop, moins loin ce ne serait pas assez. Tom Bodlin semble extraire à merveille la sève des racines de son univers. De son background, schématiquement punk, il garde un sens aigu de l’immédiateté et une expression naturelle, jamais mise à mal par la prolifération instrumentale qui rythme ses compositions.

De nombreux intérêts consistent à nous faire chroniqueur, le plus noble restant de se faire promoteur d’artistes indûment méconnus. A l’échelle de notre écoute, c’est avec passion que nous ferons cela au sujet du splendide Tom Bodlin.

S’il ne devait en rester qu’un : Le Bateau Ivre.

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Tracklist

  1. Love Sick
  2. Last Words
  3. La circulation des sèves inouïes
  4. Not Sad
  5. Dans les clapotements furieux des marées
  6. Can't Stop Smoking
  7. Love Always Wrong
  8. The Storm in Your Brain
  9. Le bateau ivre