Grosse surprise que cette dernière galette du sauvageon Ty Segall ! Lui qui nous avait habitués à force sursauts électriques se retrouve subitement à jouer quelques accords délicats sur guitare sèche : une esthétique complètement folk d’autant plus surprenante qu’avec son...
Grosse surprise que cette dernière galette du sauvageon Ty Segall ! Lui qui nous avait habitués à force sursauts électriques se retrouve subitement à jouer quelques accords délicats sur guitare sèche : une esthétique complètement folk d’autant plus surprenante qu’avec son précédent disque, « Fuzz », composé pour son projet du même nom, le hard rock coulait à flot. Changement d’ambiance.
En effet, la première écoute est déroutante. « Sleeper », composé après le décès de Brian Segall, le père du musicien, est dépouillé de toutes sonorités superflues. Pourtant, loin d’endormir, cet album réveille, puissant et intense comme une introspection. Ty Segall livre ses états d’âme sans détour aucun : Crazy, The West, etc, chaque chanson est teintée de références à cette période troublée.
Les morceaux sont toujours aussi spontanés mais font ici vibrer notre corde sensible avec une sincérité toute nouvelle. Les violons sont de sortie grâce à Kristen Dylan Edrich (Sleeper et She Don’t Care), et force est de constater que cette atmosphère intimiste n’enlève rien au talent très souvent branché sous haute tension de Ty Segall, bien au contraire.
The Man Man illustre cette duplicité à merveille : en acoustique évidement, la voix nasale, toujours un peu malmenée avec cette tessiture réduite, qui égrène un chant flegmatique, presque consciencieux quand, tout à coup survient une envolée sous amplificateur, sorte d’exutoire incandescent. Come Outside aussi témoigne de ce drôle de bouillonnement interne, qui s’exprime en sourdine, avec un final decrescendo.
Là où les précédents albums donnaient l’impression d’avoir été composés et enregistrés à toute allure, dans le bus tour entre Sacramento et San Francisco, « Sleeper » semble avoir été davantage pensé et élaboré. Porté à maturation en somme. Artiste caméléon, Ty Segall livre ici le disque folk de sa discographie – qui est bien partie pour en compter d’autres – avec une audace qui mérite attention, tenez-vous le pour dit.