Loin des gratte-ciels et du tumulte de la "Grosse Pomme", Vampire Weekend a pris le temps de peaufiner un troisième tome se révélant d'emblée moins sautillant que ces prédécesseurs, mais en contrepartie façonné avec une imposante maturité.
Il existe trois bonnes raisons de jeter son dévolu sur le nouvel opus du quatuor américain Vampire Weekend. Premièrement, la formation emmenée par Ezra Koenig dispose de la recette afro-post-punk la plus séduisante rencontrée ces dernières années, largement imitée par d’autres groupes désireux d’en poursuivre la mouvance (Fool’s Gold, le premier album de Local Natives…). Deuxièmement, parce que le dernier album en date (« Contra ») avait alors apporté la juste confirmation du talent de composition des bobos chics new-yorkais, souligné et encensé par la critique, plaçant ainsi ces énergumènes tout en haut de la liste des formations en vogue. Enfin, parce que le groupe lui-même a délimité ce nouvel album comme l’ultime d’une trilogie entamée il y a cinq ans, histoire d’apporter une dernière pierre à un édifice déjà bien imposant, assurant avant même sa sortie que des probables revirements d’orientations sonores allaient être opérés dans un futur proche.
Pour ce « Modern Vampires Of The City », tirade extraite d’un morceau du chanteur reggae jamaïcain Junior Reid, les comparses ont délocalisé son enregistrement un peu plus à l’ouest, du côté de Los Angeles. Loin des gratte-ciels et du tumulte de la « Grosse Pomme », le groupe a pris le temps de peaufiner un troisième tome se révélant d’emblée moins sautillant que ces prédécesseurs, mais en contrepartie façonné avec une imposante maturité. Même si les fulgurances emplies d’énergie (Unbelievers, Finger Back, Worship You) sont toujours légion, c’est dans la recherche d’arrangements et de rythmiques moins conventionnelles que nos vampires ont décidé d’étendre leur panel. N’hésitant pas à emprunter des beats habituellement réservés au hip-hop (Step, Don’t Lie, Hudson et sa batterie militaire digne du Jesus Walks de Kanye West) ou à s’adonner à l’exercice parfois périlleux de la déformation vocale (Diane Young, Ya Hey), Vampire Weekend confirme que même retranchée dans ses plus mirifiques expérimentations, la prime à l’équilibre mélodique est toujours de mise. Des prises de risques pourtant loin d’être inconsidérées lorsque l’on connaît ce goût de l’atypique auquel le groupe nous a bien souvent habitués. Une chaleureuse émulsion intelligemment insérée entre deux magnifiques mouvements délivrés au piano, l’un ouvrant les hostilités avec ses parfaites mesures électronisantes (l’incontestable Obvious Bicycle, un des morceaux les plus réussis de l’album) et l’autre refermant ce joli chapitre avec parcimonie (Young Lion).
L’ensemble peut-être un peu trop poli pourrait constituer le seul et unique regret concernant ce nouvel album, là où nombre d’entre nous eurent apprécié la fraîcheur et la spontanéité des premiers émois du quatuor. Qu’importe, ces vampires modernes nous offrent une très belle leçon de plénitude . . .
http://youtu.be/bSZGgPKu_fk
- Publication 791 vues20 mai 2013
- Tags Vampire WeekendXL Recordings
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