Il y a de quoi être dérouté. Le punk se montre, depuis déjà quelques années à nouveau très en verve, c?est un fait. Un nombre incalculable de groupes reconnaissent une influence punk-rock quand d’autres rencontrent un succès considérable, comme Green Day, en faisant du punk une véritable profession de foi. Wire, groupe culte mais probablement […]
Il y a de quoi être dérouté. Le punk se montre, depuis déjà quelques années à nouveau très en verve, c?est un fait. Un nombre incalculable de groupes reconnaissent une influence punk-rock quand d’autres rencontrent un succès considérable, comme Green Day, en faisant du punk une véritable profession de foi. Wire, groupe culte mais probablement anecdotique pour toute une jeune génération, fait toujours preuve d’une hargne confondante.
Wire a fait d’autres choix que toute l’armada de groupes actuels estampillés punk. « Pink Flag », l’album étendard du groupe, possédait déjà, en 1977, une vraie originalité, notamment dans l’écriture de titres lents aussi intenses qu’en parfaite inadéquation avec les bourrasques teigneuses propres au genre. « Send » répond en 2003 (qui attendait encore un bon disque de Wire ?) à la même volonté de rompre le carcan dans lequel nombre de formations s’enferment trop vite. Pas d’exercice de style ici. Pas d’hymne repris à tue tête aux Eurockéennes devant un parterre de kids rompus aux pogos et au stage diving. Pas de doigt dans le nez. No fun.
« Send » confond l’auditeur, tant par l’aridité des arrangements que par la puissance dégagée par les musiciens. Wire parvient à conserver l’aspect rêche et cru de ses débuts tout en apportant une épaisseur supplémentaire au son. Les guitares noises sont ici particulièrement impressionnantes : grouillantes, elles s’immiscent dans chaque espace sonore laissé vacant. Un mur trouble sur lequel la voix farceuse prend des libertés délectables. Cependant, la section rythmique, elle, ne s’octroie pas le moindre dérapage : droite, martiale, ne sourions pas, merci. Mais peut être est-ce là l’essence de leur musique, une rigidité contestataire.
l’originalité et l’urgence est ici. On reste coi à chaque écoute. Salutaire.