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Interview de Caroline Rose

Interview de Caroline Rose

J’ai pris mon temps pour ce deuxième album. Je voulais quelque chose qui corresponde davantage à ma personnalité, que ce soit loufoque et barré.

On t’a découvert en 2015 gravitant dans un environnement country et sixties, on te retrouve aujourd’hui avec un album plus varié et riche. Pour toi, c’est une rupture ou une évolution ?
Je me suis lancée en 2014, ça remonte à loin maintenant… Dès sa sortie, je n’étais pas satisfaite de ce premier album et de la situation dans laquelle je me trouvais, j’avais besoin de plus de liberté, je voulais créer avec moins de contraintes. Du coup, j’ai su très vite ce que je voulais faire sur l’album qui suivrait, un album construit à partir de mon propre son.

Tu n’étais pas satisfaite de ce premier album, tu veux parler de la manière dont il a été produit ?
Disons que j’étais contente de l’album mais j’évoluais dans un genre musical trop restrictif à mon goût…

Donc j’ai su très vite que je voulais m’orienter vers quelque chose de plus “weird” et plus ambitieux. Je pense que le fait d’évoluer dans un style de musique de niche t’amène à être plus créatif.

J’ai pris mon temps pour ce deuxième album. Je voulais quelque chose qui corresponde davantage à ma personnalité, que ce soit loufoque et barré.

Je me souviens de la première fois où j’ai rencontré mes managers, ils ont été très surpris en me voyant, je m’habillais déjà en rouge, j’étais très amicale et ouverte : pour eux,  ma manière d’être ne correspondait pas du tout à ma musique. Par la suite, d’autres personnes m’ont également fait la même remarque. A un moment, je me suis dit ok, je ne peux pas rester comme ça, je dois trouver un son qui me corresponde davantage. ça a pris beaucoup de temps d’autant plus que ma personnalité n’est pas des plus plus simples (rires)

On peut l’entendre sur l’album
Exactement, il y de nombreux éléments qui s’entrechoquent, des thèmes sérieux traités avec humour. J’ai traversé durant l’écriture de l’album, des moments tristes comme des moments extatiques où tu as envie de faire la fête jusqu’à la fin de tes jours.

Mettre tout cela ensemble a pris du temps, mais je pense que désormais je suis beaucoup plus heureuse, je peux partir dans n’importe quelle direction sans que ce soit incohérent.

Un titre comme Soul n°5 que tu joues depuis longtemps est assez représentatif de ton évolution, il a d’ailleurs subi plusieurs “liftings”. Tu nous parles un peu de son histoire ?
J’ai connu une vraie désillusion avec cette chanson, je partais sur un ton sarcastique mais j’ai échoué. Malgré mes tentatives, cette chanson restait trop honnête et sincère à mes yeux.  Quand nous sommes partis pour l’enregistrement de l’album, tout le monde adorait ce titre, moi, j’en avais juste assez, je ne pouvais plus la chanter.

 

C’est justement à travers cette chanson jouée à l’occasion d’une session pour “Tiny Desk Concert” que nous t’avons découverte et plusieurs années après, tu nous offres une version beaucoup plus punchy de cette chanson sur ton album.
Eh bien pour tout dire, il y a eu 5 versions de cette chanson, pour que je retrouve le plaisir de la jouer. Quand nous nous sommes retrouvés en studio, mon co-producteur m’a dit “écoute, on n’a pas à la mettre sur l’album, essaye de prendre du plaisir et de te marrer”. Je suis parti dans la cabine d’enregistrement, et j’ai commencé à improviser des paroles. Je me suis souvenu de cette fois où j’avais été sifflée dans la rue, j’ai brodé autour de ce personnage faussement confiant et égocentré et qui cache la tristesse de sa vie derrière ce “cat call”, ça m’a fait marrer, l’angle de la chanson était trouvé.

S’il fait la part belle à l’ironie et à l’humour, cet album n’en reste pas moins engagé, la condition et la position des femmes y sont grandement abordées. A titre personnel, il y a des femmes ou des hommes qui t’inspirent ?
La satire est un bon moyen pour parler de sujets sérieux sans pour autant en ce qui me concerne paraître pour une féministe en colère. Les late show, en sont le parfait exemple, je pense à Jon Stewart, Stephen Colbert qui excellent dans cet art.  

Après, de nombreuses personnes m’inspirent… je pense à celles et ceux qui arrivent à sortir des sentiers battus, qui ont le courage d’aller à contre-courant pour s’accomplir et être eux-mêmes.C’est tellement difficile..

À 14 ans Caroline Rose (qui portait peut être déjà des vêtements rouges) chantait quoi devant sa glace avec sa brosse à cheveux pour micro ?
J’était bien plus introvertie que maintenant. Ca m’a pris des années pour m’affirmer. A 14 ans je jouais dans des pièces de théâtre, c’était beaucoup plus confortable de jouer des personnages que d’être moi-même. C’est d’ailleurs ce que je fais sur cet album. Je m’appelle vraiment Caroline Rose, ce n’est pas un nom d’emprunt, mais j’ai recours à des personnages pour évoquer des éléments de ma vie.

L’identité visuelle,ton look et les clips qui accompagnent ton album c’est le fruit d’une collaboration ou l’oeuvre d’une seule et même personne à savoir toi ?
C’est définitivement moi (rires) je suis une vraie control freak. Je veille à tous les détails, même si bien évidemment nous sommes aidés. C’est ce qui fait le charme d’être un artiste : créer des vidéos, imaginer une scénographie, des vêtements…C’est comme être un réalisateur, vous avez une équipe autour de vous qui vous aide à exprimer votre vision et votre point de vue.

Quels sont tes derniers coup de coeur musicaux ?
J’ai des coups de coeur, des coups de coeur musicaux, des coups de coeurs pour des célébrités…j’en ai tellement que ça en devient embarrassant.

Alors musicalement je dirais Marlon Williams, il vient de Nouvelle-Zélande, et il a un son super intéressant, je suis aussi fan de Superorganism et La Femme.

C’est ta première tournée en Europe. Quelles sont tes premières impressions ?
C’est ça, on a joué au Royaume-Uni avant de jouer ici. En fait, j’ai vécu 6 mois à Paris quand j’étais étudiante, “je parle français un peu” (en français). Mais j’ai tout perdu car je pratique très peu. J’adore venir ici, je vis mon rêve, on est payés pour voyager à travers le monde et jouer de la musique, c’est de la folie !

La suite c’est quoi pour toi ?
Beaucoup de tournées, on rentre aux Etats-unis pour l’automne, de grosse salles sont prévues. On espère revenir ici mais ça ne sera pas avant l’année prochaine.

Merci Caroline pour cet échange.
La prochaine fois, je réviserai un peu mon français

Deal !

 

Crédit Photo: David Servant

Chroniqueur
  • Date de l'interview 1 341 vues 2018-07-06
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