"> Festival Beauregard @ Hérouville-Saint-Clair 6-7-8 juillet 2018 - Live Report - Indiepoprock

Festival Beauregard @ Hérouville-Saint-Clair 6-7-8 juillet 2018


L'année des découvertes.

Sous un soleil radieux, John Beauregard nous a conviés à son anniversaire géant, 3 jours à souffler les bougies de la dixième édition. Nombre d’artistes ont défilé sous nos yeux au cours de ces années, de Mogwaï à Nick Cave And The Bad Seeds en passant par Portishead ou Dominique A par exemple. Pour cette édition, les noms ronflants sont Jack White, Soulwax, les Breeders. Voilà ce qui s’en est dégagé.

Vendredi 6 juillet

 

Vendredi 6 juillet 16h30 : Nombre de gens sont devant leur écran de télévision. Nous? Nous sommes devant Bafang. Qui n’aura pas manqué de nous remercier pour ce « sacrifice ». Mais il aura suffi de quelques secondes du set pour oublier totalement les pérégrinations de certains de nos concitoyens en Russie. Au prix d’une prestance ultra communicatrice et d’une musique suintant l’énergie, les deux compères auront très clairement su embarquer l’assistance. On parle d’afro rock, tantôt bluesy tantôt punkisant, joué par des garçons qui auront privilégié l’intégrité plutôt que la facilité. Et en live, sous un soleil assommant, on peut vous assurer que personne n’est resté de marbre devant une prestation totalement inattendue, peut-être la plus réussie, d’un point de vue partage, c’est sûr ! Et diable, les deux amis ne sont pas en reste d’un point de vue technique, de réels excellents musiciens qui savent parfaitement mettre leur technique au service de leur passion, et non l’inverse. La journée commençait donc on ne peut mieux. J. Bernardt embraie alors, plein d’énergie lui aussi. Entre electro pop et groove aux confins du hip-hop, l’ex membre de Balthazar saura lui aussi insuffler d’excellentes ondes au public. Ce fut déjà moins le cas pour L.A Salami, pourtant un des artistes « peu connus » qui avaient titillé notre curiosité à l’annonce de la programmation. Bien trop folkeux à notre goût, l’artiste, sans avoir offert un set horrible, semblera un peu anachronique, en décalage avec l’ambiance générale. Mais Hollysiz, reprend d’emblée le flambeau, et là aucune surprise, l’énergie est une seconde peau pour la chanteuse. Communicant autant avec ses mots que sa gestuelle, elle a livré un concert comme elle en a l’habitude. Pétaradantes, survitaminées,  la cinquantaine de minutes écoulées sous le joug d’Hollysiz aura fait écouler quelques litres de sueurs sur le sol normand. Charlotte Gainsbourg, elle, s’affaire sur l’autre scène et,soyons honnêtes, sur la base de nos écoutes de ses dernières productions, nous avons choisi l’impasse. Alors, c’est le régional de l’étape qui se présente à nous, Orelsan le Caennais, orné du maillot du stade Malherbe local. Il faudra reconnaître que malgré le crédit, quelque peu chauvin, que le chanteur a à nos yeux, il n’aura pas réussi à nous tirer bien plus qu’un timide hochement de tête. Sans que la prestation ne soit foncièrement mauvaise, il aura manqué comme une étincelle, un supplément d’âme. Dommage mais loin d’être scandaleux pour autant. Il est clair qu’ici, les productions de Jack White nous aurons plus qu’emballé cette année, c’est entre autre pour cela que nous avons laissé MGMT de côté pour nous assurer une place de choix pour l’artiste américain. Et franchement, grand bien nous en a pris. Quel concert, mes amis ! Ce n’est pas faute d’avoir déjà pu profiter des performances live du garçon. Mais qu’il soit en groupe ou en solo, qu’il défende un album de rock, de blues, de country ou l’improbable « Boarding House Reach », cet homme pourrait interpréter une même chanson à  deux accords,  365 jours par an sans jamais l’interpréter de la même façon. Un morceau comme Hotel Yorba, vieux de 17 ans, rentre tellement dans cette représentation. Et, encore une fois, en ce soir du 6 juillet, il fut un point d’orgue du concert remodelé à l’instinct, à la faveur du moment. Autant la pure folie de « Boarding House Reach » nous a moins sauté aux oreilles, autant le retour à un line-up resserré et à une saturation bien plus directe que sur les dernières années nous auront offert un Jack White animal, dense et percutant. Nous nous échappons alors comblé pour cette première journée et laissons les plus courageux du soir à Petit Biscuit et Boris Brejcha.

 Samedi 7  juillet

C’est un peu plus sur le tard que nous nous présentons sur les lieux ce Samedi. La fin de la performance de Nothing But Thieves et leurs tentatives douteuses sur du Led Zeppelin ne contribueront pas à nous le faire regretter. Eddy De Pretto et son successeur Julien Clerc n’auront pas plus eu l’occasion d’au-moins nous faire marcher. Alors Black Rebel Motorcycle Club, nous titille au moins la curiosité. Bien malheureusement, à aucun moment nous n’accrocherons à un rock bien trop convenu et joué par un groupe bien trop vieux pour arriver à y caler de l’énergie, un peu de bestialité. Place alors à Nekfeu, certainement le plus bouillant des concerts du week-end, fossé générationnel ou je ne sais quoi, mais à aucun moment les sonorités qui nous viennent de loin ne nous poussera à en voir plus. Nous voilà donc prêts pour Simple Minds. Il y a eu les années précédentes, Midnight Oil ou encore Sting, sur les affiches des Samedi. On se doute d’un concert propre, tout à fait fan service. Eh bien si ce fut le cas pour Simple Minds, nous ne sommes tout simplement pas fans. Mollasson par moment, bien trop surjoué à d’autres, des réarrangements tout à fait commerciaux, rien n’aura sauvé à nos yeux la pâle expérience que ce fut. Deuxième argument pour quadras/quinquas, The Offspring s’affiche alors. Soyons honnêtes,  les Californiens auront enchanté beaucoup de monde avide d’adolescence. Pour notre part, bien que partageant les même « références historiques » ce fut ce que l’on craignait, notamment de nombreux retours de proches sur la prestance de Dexter Holland. Eh bien non, pas de fumée sans feu, l’homme a déblatéré ses textes et accords d’un trait, raide comme un piqué, fatigué. Une chance pour lui que la scène était conquise d’avance, ce qui a rendu l’expérience moins laborieuse qu’elle aurait dû être. Pour résumer, nous avons traversé cette journée du Samedi comme des fantômes jusqu’ici, fuyant concert après concert. Mais l’espoir fait vivre, et la patience va enfin être récompensée. C’est autour de Carpenter Brut, électro survoltée et imagerie de métalleux qui va réveiller les corps au bord de l’apoplexie, et ce en quelques dizaines de secondes. Ce fut violent, tout à fait bestial, presque tribal. Beats endiablés et guitariste mystérieux aux riffs lourds, voilà schématiquement résumé ce set. Une pure jouissance gratuite et directe. Pourquoi alors nous arrêter en si bon chemin alors que se présente à nous le dernier live de la journée, celui que l’on attendait depuis le début, Soulwax ! Ambiance tout à fait différente des précédents et pourtant, exactement la même sensation de jouissance directe. Oui, évidemment,Soulwax fait dans le plus complexe, plus fin. Mais le rictus espiègle va perdurer sur nos visages, enchaînant de plain pied pour une nouvelle heure de dance-floor.

 Dimanche 8 juillet

Malo’ finit semble-t-il un concert bien ennuyeux quand nous arrivons pour cette journée de clôture. Vite, nous nous empressons vers Inüit, dont les écoutes récentes avaient suscité un fort intérêt pour le set à venir. Nous ne nous étions pas fourvoyés, loin de là. Pourtant, défendant une musique faite de ruptures rythmiques, d’éclats de voix décalés, nous rappelant parfois la Liz Frazer de Cocteau Twins, les Français nous auront littéralement bluffés sur une performance en plein jour. Parfois jusqu’à trois au fûts, des claviers, des cuivres et une voix haut perchée (au propre comme au figuré), Inüit va nous servir une relecture hallucinée de leurs productions studio. Hallucinée, a priori peu accessible et pourtant, vers la moitié du concert, à notre premier recul, on aura pu noter un public conquis, tout à fait pris dans la transe. Un vrai grand moment, bien qu’espéré, pas à ce point attendu. A l’image de Bafang le Vendredi, dans un style sans rapport, la séparation en fut presque un déchirement ! C’est maintenant Parquet Courts qui s’avance. On pourra résumer le concert aux productions studios des New-yorkais, excellents sur du punk de 2 minutes 30 maximum, bien plus difficiles à supporter sur un format plus élaboré. Et, clairement, ce fut un concert d’une demi-heure excellent mais malheureusement entrecoupé de pauses un peu trop longues. Oscar And The Wolf ne nous verra pas, nous qui attendons de pied ferme et au plus près Kim Deal. Il semblerait que ce ne fut pas un drame de ne pas avoir vu le Belge. Alors, gros morceau pour nous de 2018, The Breeders sont devant nous. Nous avons apprécié le live malgré les pauses bien longues entre les morceaux et la prestance relative de notre amie Kim. Gigantic ou Canonball, reconnaissons que ça fait plaisir, mais ce que l’on a trouvé de critiquable sur The Offspring, nous pourrions l’écrire sur ces Breeders si nous n’étions pas un public conquis d’avance… Nous laissons Ibeyi, à son public et nous élançons pour une heure de pogo intensif au rythme de At The Drive-in. Et quel plaisir ! Encore une fois, jamais dans la facilité, les Texans vont littéralement balancer leur tripes sur la scène et rien que cela, associé tout de même à d’excellents musiciens, suffira à note bonheur. Trop tard pour se frayer un chemin vers Bigflo et Oli, les retours furent plutôt positifs, mettant tout de même bien plus en avant l’échange avec le public et les décors scéniques que les voix ou textes. D’un peu plus loin, cela ne semblait pas particulièrement fameux. Pour la forme, nous restons pour la star du moment, Macklemore. C’est alors que le festival nous offre un joli cadeau d’anniversaire avec un feu d’artifice dantesque sur une bande son de Gossip. Tout à fait subjugués, nous sommes encore sous le choc de ce qui vient de se passer quand le dernier artiste du festival entre en scène. Et ce fut la sidération, soyons honnêtes, nous avons l’aversion facile pour les gros succès commerciaux. Mais alors il aurait été bien difficile de trouver plus belle clôture au festival. Show grandiose, artiste/sportif des plus concernés à faire bouger son public, Macklemore fait clairement don de sa personne sur scène, sur des rythmes communicatifs, et, oui, c’est parfois un peu facile mais c’est d’une efficacité imparable, grand bravo à lui.

 

S’il y a une année qui aura brillé par ses révélations, c’est bien 2018 avec, cocorico, deux superbes groupes Français, Bafang et Inüit. Jack White et Soulwax furent de très grands moments. Carpenter Brut ou At the drive-in deux lâcher-prise utlra jouissifs et enfin Macklemore un choix parfait pour clôturer ces trois beaux jours. Le reste de la programmation aura oscillé entre moments sympas, désintérêt ou réel envie de s’enfuir. La conclusion sera toujours la même sur ce festival qui se veut familial et éclectique, impossible d’adhérer à tout, mais les bons ou excellents moments suffisent amplement à rendre patient sur les moments de creux et pressé de repartir pour dix années de plus.

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