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Le précieux sésame autour du poignet, on se dirige donc vers la salle de l’Idno, près du lac, pour le set de Cheek Mountain Thief.
Si le nom de ce projet ne vous dit pas encore grand chose, celui de Mike Lindsay et de son groupe Tuung est déjà plus parlant. L’Anglais est parti vivre pendant 3 mois du côté de Húsavík (Nord de l’Islande) où il a enregistré un album en compagnie de musiciens locaux. L’album est le fruit de cette rencontre et c’est donc assez naturellement que l’on retrouve Mike Lindsay sur scène accompagné de quelques uns de ces musiciens islandais et de quelques guests bien connus par ici (Sindri de Sing Fang, Sigurlaug de Mr Silla et un choeur de barbus sur les 2 derniers morceaux). Une bonne entrée en matière
Les différents lieux abritant le festival ne sont heureusement pas trop éloignés les uns des autres, le froid a glissé ses longs doigts sur la capitale islandaise depuis quelques jours et surtout des rafales puissantes d’un vent glacial vous font regretter la chaleur douillette de la salle que vous venez de quitter. On se dirige malgré tout vers le Reykjavik Art Museum où l’on assiste à la fin du set des Américains de Phantogram, maelström de rock et d’électro débordant d’énergie sur scène. On regrette de ne pas en avoir vu davantage.
Après avoir pas mal bourlingué en compagnie de Sin Fang et Seabear, Sóley s’est décidée à voler de ses propres ailes. Son premier album solo s’inscrit dans la grande tradition de ses prédécesseurs, à savoir empreint de poésie et d’une part de mystère toute islandaise. Sur scène la jeune femme est aisément reconnaissable avec ses grosses lunettes. Un peu timide, elle a du mal à faire face aux brouhahas d’une salle venue pour faire la fête et discuter au chaud plutôt que d’écouter des ballades folktronica, quand bien même elles sont chantées par une habituée du festival.
Comme tout bon festival qui se respecte, le Iceland Airwaves est très à cheval sur les horaires. Quarante minutes par groupe (en moyenne) et pas une de plus, les 20 minutes restantes servant à préparer la scène pour le groupe suivant. Purity Ring a donc vu son set quelque peu raccourci en raison d’un problême technique sur leur light-show. Il faut dire que le duo canadien avait vu les choses en grand avec une installation chiadée pas forcément en adéquation avec le timing de ce genre d’évènement. L’attente valait cependant le coup car le light-show se mariait merveilleusement bien avec le mélange dream-pop/hip-hop distillé par le duo. Le coup de cœur de la soirée.
Pour finir, direction le Harpa, un énorme cube près du port qui abrite 3 salles de concert à l’occasion du festival. Dans la plus grande d’entre elles, on se bouscule au portillon pour trouver une place afin d’assister au concert de Of Monsters and Men, le groupe islandais dont tout le monde parle en ce moment. Il faut dire que leur pop/folk de facture assez classique est drôlement efficace et redoutablement contagieuse en live, une version islandaise de Mumford and Sons avec un soupçon d’emphase canadienne façon Arcade Fire. Leurs tubes à base de « lalala » à reprendre en choeur ont en tout cas trouvé écho auprès du public et ont réchauffé nos corps avant d’affronter les éléments déchaînés dehors pour rejoindre nos quartiers.
La tempête a fait rage toute la journée sur Reykjavik, tuant dans l’oeuf toute velléité de mettre le nez dehors avant le début des concerts.
On commence donc cette deuxième soirée avec Cercueil, l’un des rares groupes français à avoir fait le déplacement jusqu’ici, histoire sans doute de se faire connaître du public scandinave et nord-américain, majoritaire ici, mais également pourquoi pas de se faire repérer par l’un des nombreux labels venus faire son marché comme chaque année au Iceland Airwaves. De nombreux français ont pris place dans la salle, faisant un instant oublier les 2400 km nous séparant de l’Hexagone. Cet esprit cocardier se voit récompensé par l’excellent set délivré par le trio lillois, sombre et tendu comme sait l’être leur électro/rock progressif.
La scène islandaise regorge de groupes, plus ou moins connus, et le but de ce festival est de pouvoir mettre en lumière quelques uns de ces groupes. Nous choisissons donc de donner une chance à Borko et Tilbury, deux groupes assez connus sur la scène locale (surtout le 1er que l’on avait également pu voir en France en 1ère partie de Seabear), se produisant dans une salle ressemblant assez à la Flèche d’Or ancienne formule. Autant le dire tout de suite, l’expérience est assez peu concluante en regard des autres concerts vus jusqu’à présent. Borko possède quelques titres sympathiques et une bonhomie que l’on a envie de défendre mais ça ne fait malheureusement pas tout. Quand à Tilbury, il a beau abriter plusieurs membres de groupes respectables de la scène islandaise (Hjaltalin, Sin Fang, Amiina), l’alchimie ne prend quasiment jamais.
La soirée s’achève heureusement de bien meilleure façon avec dans un premier temps Blouse, un trio de Portland qui excelle dans le registre très prisé de la pop éthérée, et pour finir Moonface, le groupe de l’ex-Wolf Parade, Spencer Krug, venu défendre l’album conçu avec les Finlandais de Siinai (ex-Joensuu 1685). Le chant de Krug fait des merveilles sur les boucles krautrock délivrées par les quatre musiciens de Siinai. Le public ne s’y trompe pas, venu nombreux et manifestant avec enthousiasme son approbation à chaque fin de morceau. Le coup de cœur de la soirée, le deuxième en 2 jours pour un groupe canadien.
Notre programme du soir est allégé en raison de l’état de santé de votre serviteur. On se contente donc de la programmation de l’Idno et de la montée en puissance des décibels que laisse augurer l’enchaînement des groupes.
Tout commence avec l’Islandaise Ólöf Arnalds, accompagnée pour l’occasion par le bassiste Skuli Sverrisson qui l’a précédée sur la même scène. La demoiselle a visiblement de nombreux fans à Reykjavik, il faut dire que sa bonne humeur est rafraîchissante. La particularité de sa musique, d’obédience plutôt folk, se trouve dans son timbre haut-perché, souvenir de ses années d’apprentissage du chant lyrique. Pas forcément toujours notre tasse de thé mais malgré tout sympathique.
La suite est nettement plus électrique avec pour commencer les Suédois d’I Break Horses. Malgré un éclairage minimaliste nous empêchant d’apprécier la jolie Maria Lindén, on savoure ces boucles électroniques et éthérées aux accents shoegaze qui nous avaient déjà transporté sur leur premier album « Hearts« . La confirmation du talent de ce groupe.
Pour finir en beauté, on avait le choix entre deux des révélations de l’année mais le forfait de dernière minute de Django Django a facilité le choix. Ce sera donc les Américains de DIIV et leur shoegaze pour trentenaires dans lequel je me reconnais tant. Sans aucun temps mort, le groupe de Brooklyn enchaîne les titres de son excellent premier album (« Oshin« ), dans un style beaucoup plus brut que celui de l’album. Si cette énergie live est parfois un peu brouillonne, elle se conjugue parfaitement sur scène à l’image de l’immense Doused.
Crédit photo : Elodie Mirbel