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Structure d?organisation de concerts pour la scène indépendante rock, Loaded a fêté son premier anniversaire de la meilleure des façons : en invitant tous ses poulains à se produire au cours d?un festival organisé en deux temps, acoustique puis électrique.
La Maroquinerie sonne encore le creux, sur les coups de 17h, lorsque The Victorians (photo n° 1) montent sur scène afin de débuter la session électrique de la soirée. L?exercice n?est pas facile car une bonne partie de l?assistance est assise assez loin de la scène. Comme leur nom l?indique, les Victorians sont fortement influencés par le rock d?outre-Manche. Leur look plutôt dandy sied parfaitement à cette musique aux accents brit-pop et 70?s. En 20 minutes, les Victorians réussissent à nous faire oublier que l?on s?était installé dans une salle de concert alors qu?il faisait un temps magnifique dehors. Pas un mince exploit.
Le temps d?un rapide changement de matériel et les Popklub Arsenal font leur entrée dans une salle qui se remplit peu à peu. Si le chanteur arbore une superbe casquette de l?Armée Rouge, pas question pour autant de verser dans la musique folklorique soviétique. On reste en terrain connu, puisque les influences sont à peu de choses près les mêmes que pour les Victorians (The Strokes, The Libertines, The Smiths?). Malheureusement, les morceaux de Popklub Arsenal manquent pour l?instant de ce petit plus qui les ferait se différencier des groupes dont ils se revendiquent.
Suivent Madame de C*** et sa mystérieuse particule. Nous sommes pris au piège d?entrée de jeu, puisque c?est un groupe exclusivement masculin qui fait irruption. Pas franchement aristo, ces quatre roturiers franco-suédois déroulent un rock garage stoogien, relativement conventionnel mais défendu avec engagement. L?heure d?un premier bilan d?étape est alors venu : le tiers du versant électrique du festival s?est écoulé et l?on commence à déplorer une certaine uniformité musicale.
Eldia (photo n° 2) et son rock insolite déboulent alors sur scène et renvoient dans les loges cette monotonie naissante. Guitares inventives, break mélodiques pertinents, influences variées et discrètes, ces Parisiens sont incontestablement l?une des surprises de la soirée. Et semble-t-il, l?une des formations les plus appréciées. D?une énergie communicative et sans prétention, ils s?offrent en effet un joli succès à l?applaudimètre.
C?est le cas également de Hopper (photo n° 3), mené par deux chanteuses-guitaristes au charisme certain. Cette première touche de féminité de la soirée est également l?occasion de voir s?enflammer un public assommé par la chaleur. Revenu des Etats-Unis où il a enregistré son nouvel album avec Ryan Hadlock (Blonde Redhead?), le combo nous gratifie de quelques-uns de ses morceaux aux accents folk/rock, le tout soutenu par une très bonne présence scénique. L?énergie du quatuor parisien et la qualité de ses compos en ont certainement convaincu plus d?un, si besoin était.
Bien qu’en formation réduite (seule la moitié du groupe est présente ce soir là), Neïmo (photo n° 4) fait belle figure. On sent une réelle connivence entre le guitariste et le chanteur, dont l?improvisation passe plus pour du ‘je m’en foutisme étudié’ que pour du bricolage. Pour compenser l’absence du batteur et du pianiste, plusieurs amis monteront sur scène pour chanter, danser ou simplement faire diversion. Tout est profondément anglo-saxon chez Neïmo, de ce goût pour l’exagération à la dégaine du chanteur, très 80’s. Bonne voix, bonne présence et bonne maîtrise de leur art, à revoir en formation complète.
Stuck in the Sound (photo n° 5) commence à drainer un public de plus en plus fidèle, puisque la salle est bien remplie et toute acquise à la cause du quatuor. Après une balance pointilleuse, le groupe sort son habit de lumière pour distiller ses mélodies groovy. Il apparaît véritablement rodé sur scène, le chanteur José n?hésitant pas à plaisanter avec le public. Le set se termine par Toy Boy, véritable machine à danser, sélectionnée en 2005 sur la compil CQFD des Inrocks, et qui souffle sur les braises de l?incendie allumé 30 minutes plus tôt par les Parisiens.
Surprise pour les personnes connaissant Sourya (photo n° 6), pas d’ambiances planantes ou de programmations électroniques, mais un set brut et très rock. Le quatuor ne tarde pas à être rejoint par les membres de différents groupes programmés ce soir-là. On peut ainsi apercevoir la moitié de Brooklyn ou Popklub Arsenal dansant et jouant du tambour : ambiance garantie ! Clou du spectacle, le moment où le chanteur lâche son micro et se met à danser tel un elfe pris de spasmes, rappelant fortement Thom Yorke.
La force de Brooklyn (photo n° 7) repose sur son chanteur, Ben Ellis, et une bassiste faisant sensation auprès de la gente masculine. La musique du groupe ne se détache pas particulièrement de ce qui a précédé. Aussi, après avoir vu une demie douzaine de groupes, on a du mal à être encore surpris ou enthousiasmé par ce répertoire pourtant de qualité. Une rupture de rythme au milieu du set est bienvenue. Ben Ellis reste seul sur scène avec sa guitare, pour une très belle chanson tout en douceur et en retenue, puis tout repart de plus belle.
Ultime formation à l?affiche, Nelson (photo n° 8) bénéficie d?un public encore relativement nombreux pour clore la soirée. Le groupe s?adonne volontiers au jeu des chaises musicales, puisque la basse, les guitares et les machines changent régulièrement de propriétaire. Rompant avec nombre de ses prédécesseurs, Nelson installe un univers froid et arty, matérialisé par une cold-wave maladive. L?auditoire, abreuvé de décibels accrocheurs au cours de la soirée, cède aux charmes plus exigeants d?une prestation habitée. Un dernier titre captivant met fin à ce marathon scénique, porté par dix formations inégales mais généreuses. Joyeux anniversaire Loaded !
Par Kim, Thomas et