Top albums IPR 2024

Qu’est-ce que la longévité en musique ? Si la réponse est a priori évidente, 2024 nous aura dans les faits livré deux interprétations du concept. En premier lieu, on associe l’idée à des artistes qui, bien qu’étant dans le paysage musical depuis de nombreuses années, parviennent encore et toujours à livrer de nouveaux albums qui retiennent l’attention et font bien plus que faire perdurer un nom établi. On en aura eu de beaux exemples, à commencer par Nick Cave qui, à ce petit jeu, n’a quasiment pas d’égal puisque chaque nouvel album semble repousser les limites de ce dont on le pensait capable. Son « Wild God » de cette année, tout comme la tournée qui l’a accompagné, a encore une fois montré un artiste au sommet. On doit aussi saluer l’exceptionnelle constance de Godspeed You! Black Emperor qui parvient à subtilement renouveler sa musique implacable en cherchant à la fois à renouveler sa matière et à aller revisiter son passé. Et puis on peut aussi mentionner Kim Gordon qui, après quelques décennies d’exception avec Sonic Youth, a prouvé qu’elle savait aussi y faire en solo avec un disque où la radicalité est la même mais mâtinée d’electro.

Mais la longévité, c’est aussi celle d’artistes qui étaient plus ou moins en sommeil mais ne sont jamais partis très loin. La palme revient évidemment à The Cure qui n’a jamais cessé de donner des nouvelles et effectuait régulièrement des passages sur scène. Mais « Songs Of A Lost World » a mis fin à 16 ans de disette discographique, à un niveau auquel personne ne s’attendait. Sur cet album, tout est beau, tout est fort, tout s’inscrit dans l’ADN du groupe de Robert Smith, rien ne sonne daté. Un tel retour ne pouvait être salué autrement que par la première place de ce classement. Un peu dans la même veine, on a aussi eu droit au retour de Beth Gibbons. Sa carrière a toujours été en pointillés mais personne ne l’a pour autant oubliée et l’annonce de la sortie de son premier vértitable album solo a suscité un engouement qui là aussi aura été comblé. Et puis on peut citer Jamie XX qui, s’il est bien plus jeune que les artistes cités précédemment, n’est pas non plus du genre pressé. Son « In Waves » est ainsi paru neuf ans tout de même après son premier album solo mais, une fois encore, l’attente valait la peine, tant son electro foisonnante aura eu de quoi ravir.

A ce titre, cet album de Jamie XX s’inxcrit aussi dans un véritable renouveau de l’electro qui, en 2024, aura retrouvé le chemin du dance-floor sans délaisser l’écriture. On aura ainsi eu droit à des premiers album d’artistes qui avaient commencé à faire parler d’eux les années précédentes et ont naturellement confirmé (Nia Archives, Two Shell), à d’autres d’artistes déjà bien installés mais dont l’inflexion dansante est à souligner, notamment la Galloise Kelly Lee Owens.

Enfin, au milieu de tout cela on aura eu d’autres révélations (The Last Dinner Party), et des disques de belle facture d’artistes déjà chevronnés mais toujours en montée de sève, souvent armés de guitares (Idles, Fontaines DC). Au final, tout cela fait de 2024 un beau cocktail à savourer tranquillement avant de se tourner vers 2025 qui, on l’espère, montrera un visage aussi avenant.

1) The Cure « Songs Of A Lost World »

2) Nick Cave and the bad seeds « Wild God »

3) Fontaines DC « Romance »

4) Jamie XX « In Waves »

5) Fat White Family « Forgiveness Is Yours »

6) DIIV « Frog In Boiling Water »

7) Godspeed You! Black Emperor « No Titles As… »

8) The Last Dinner Party « Prelude To Ecstasy »

9) Beth Gibbons « Lives Outgrown »

10) Kim Gordon « The Collective »

11) Sprints « Letter To Self »

12) Four Tet « Three »