"> Powersolo - The Real Sound - Indiepoprock

The Real Sound


Un album de sorti en chez .

7

Rockabilly dépoussiéré, européen et moderne.

Il n’est jamais aisé de faire évoluer un style sans le dénaturer, d’autant plus quand il est marqué comme le rockabilly peut l’être. Il est toujours plus reposant de faire partie des intégristes ou des vendus. À bien des égards, Powersolo porte bien haut les couleurs de leur mouvance, plus que jamais vivante et savoureuse. Fallait-il que la cure de jouvence du rockabilly passe par le Danemark, si improbable que cela puisse paraître? En tout cas, force est de reconnaître l’efficacité du processus.

Commençons par ce qui fait de ce « The Real Sound » un album de rockabilly. Les rythmiques hyper dansantes, la voix haut perchée et le picking nerveux du trio d’Arhus nous invitent au dancefloor pour jeunes gens gominés. C’est clairement joyeux, voire humoristique, tout en légèreté, il sera d’autant plus évident de percevoir la démarche sur le titre très yéyé Les Filles interprété dans la langue de Molière. Sur cette incartade, comme sur le reste de l’album on ressent comme un rien de psychédélisme décadent, une impression de décalage permanent quant aux thèmes invoqués. De plus on retrouve sur certains titres, ce chant syncopé, au point de sembler être du yaourt, accompagné de roulements de batterie presque vaudou, propres au boogie woogie, de vraies interprétations qui évoquent le bas ventre, là où né le swing. Et bien entendu, un album rockabilly ne le serait pas s’il n’avait pas ses ballades à la limite de la country, la reverb’ à son maximum, le chant presque parlé, qui fini en cassure de l’homme délaissé. Elles sont bien là ces fameuses ritournelles.

Mais il faut bien reconnaître que, en dépit de ce rock 60’s parfaitement exécuté, ce qui nous a le plus emballés dans « The Real Sound » sont ces fissures par lesquelles d’autres influences se sont engouffrées. Avant tout, l’ensemble de l’opus est traversé par un esprit garage léger qui s’exprime dans la manière que Powersolo a de jouer par moment, sans retenu, à la manière des Cramps. On retrouve d’ailleurs d’autres accointances avec la brillante bande à Lux Interior, principalement par ces cris de sauvage (dans le sens Tarzan du terme) qui viennent régulièrement ponctuer la voix de Kim Jeppersen. Enfin, dans plusieurs des 14 titres résidents des spécificités plus ou moins marquées, Leather Suit ferait presque penser à du INXS par sa guitare simplissime, ses arrangements synthétiques et ses coeurs 80’s. Si un titre ressort particulièrement, ce sera Salty Lick, qui malgré ces multiples facettes garde une identité forte, toujours rock: on sent des envies d’Isaac Hayes sur les effets de la six cordes, ou les roulements de cymbales, la flûte vient poser sa pointe de psychédélisme heavy, et l’omniprésence des cuivres lie le tout avec sensualité, un vrai petit bijou. Frantic lui, sera l’argument punk, le titre court et nerveux qui finira sa montée en puissance par une explosion furieuse des instruments et de la voix. Enfin, le plus original de tous, à la limite du fourre-tout musical, Sonic Sauce fait clairement de figure de délire improvisé, cassures rythmiques, et collages musicaux portés par un texte parlé en pleine hallucination.

Alors oui, un album duquel on peut retirer tant de titres à personnalités différentes manque d’unité, c’est un fait. Mais on reste tout de même loin de l’effet compil, l’idée reste gomina et lunettes noires, et en son sein, « The Real Sound » couve de très beaux morceaux.

S’il ne devait en rester qu’un titre : Salty Lick, Sonic Sauce (oui, deux titres c’est triché, mais les règles, ce n’est pas rockabilly)

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Tracklist

  1. Boom Babba Do Ba Dabba
  2. Sasquatch
  3. Two Headed Woman
  4. Big Lips
  5. The Leather Suit
  6. Jurassic Sex Party
  7. New Fashioned Girl
  8. Des filles
  9. Salty Lick
  10. Milk That Thang
  11. Sloppy Bird Boogie
  12. Frantic
  13. Sonic Sauce
  14. Tequila Whiplash

La disco de Powersolo

The Real Sound7
70%