Rank

Rank creuse un sillon parmi les plus nobles du rock. L’un des plus difficiles aussi. Un groupe qu’aurait adoré Greil Marcus, journaliste musical qui utilisa en premier l’expression post-punk. Deuxième album du trio lyonnais, signé sur Automate Records, et qui enfonce un peu plus le clou de sa musique tout en tension. L’album est une pépite gorgée de chansons revisitant à tombeau ouvert les plus belles pages de ce mouvement musical à l’origine de tant de chef-d’œuvres. Inscrit dans une tradition urbaine, industrielle, dansante. Mais qui se projette aussi, violemment élégamment, dans l’avenir. Puisque c’est le propre du post-punk que de se réinventer. De réécrire ces pages pleines de rage et d’énergie.

Une musique paradoxale, désespérée et pourtant incroyablement dynamique. Rank parvient à merveille, au fil de ses albums, à incarner ce foisonnement. La modernité absolue, qui est l’ADN du post-punk, et la volonté farouche aussi de réinvestir un passé glorieux. Equilibre que l’on sent dans le disque, qui traverse chaque morceau comme un éclair, lui donnant cette saveur si particulière. Rien à voir avec le revival. Mais avec la sensation dévorante de retrouver des repères, des riffs mythiques, des souvenirs impérissables. Et qui génère, marque des meilleurs groupes de post-punk, un puissant désir de vivre.

L’émotion est palpable d’un bout à l’autre. Une intense mélancolie entrelacée avec les pulsations métronomiques d’un héritage que Rank transcende superbement.