Spoon

Depuis 18 ans, au rythme d'un exemplaire tous les 2 ou 3 ans, Spoon produit un bel album de pop rock et tout le monde s'en fout... sauf nous.

Mais qu’est-ce qui explique que les gens préfèrent la bande d’Alexander Kapranos (Franz Ferdinand) à ce type de quartet ? Marketing plus affûté ? Frilosité du public qui préfère à force d’en être abreuvé, des sons « british » dont l’origine serait gage de qualité ?

Spoon n’a rien à envier aux grosses machines marketées, ils nous offrent une pop rock made in US inspirée, enjouée, le truc à s’écouter les jours de frimas, le lundi matin si vous n’aimez pas votre travail ou lorsque la pluie s’invite et que vous frôlez la dépression.

Toujours pas de fausses notes et les quatre acolytes maintenant quadras nous délivrent comme à l’habitude une petite perle sans prétention. Le grand blond, Britt Daniel, fait mouche avec ses vocalises et sa bonne humeur communicative. Tout est réuni pour flatter l’oreille, alternance de sons plus ou moins rock et tempo varié, pas de place pour l’ennui.

Début tonitruant avec Rent I pay , une jolie invite pop pimpante jubilatoire, une belle accroche qui donne l’envie irrépressible d’en écouter plus ! La belle voix du leader se fait plus présente sur le second titre Inside Out avec un accompagnement synthé syncopé de bon aloi. Rainy Day reste sur cette même veine et laisse la place au tubesque Do You, quelque chose du Alright de Supergrass, petite pop jouissive qui pourrait avantageusement prendre la place de quelques hits dont les radios FM se délectent.

La guitare sèche et les sifflets de Knock Knock Knock prennent un peu le contrepied de cette première partie d’album, plus d’inventivité dans cette quasi ballade et Outlier poursuit l’expérience avec une même belle originalité. Arrive alors They Want My Soul, une des grandes réussites de cet album, arrangements choisis, guitares accrocheuses, belle voix éraillée et mine de rien, une belle richesse instrumentale. Let Me Be Mine enfonce le clou, c’est ici toute la synthèse de la pop texane de Spoon, diablement efficace et terriblement entrainante, sans conteste le titre que nous choisirions pour faire découvrir ce groupe.

Question déco, on va dire que l’art work des 7 précédents disques se cherchait un peu, on sentait que le choix d’une illustration avait subi la dure loi de la priorisation ! Pour « They Want My Soul », il n’en est rien, c’est une belle image raccord et évocatrice et c’est tant mieux (Photo de Todd Baxter). L’aspect visuel étant souvent le premier contact que nous ayons avec un album, pourquoi ne pas le soigner ?